Dans un contexte économique congolais marqué par une inflation galopante et une précarité croissante, le Président Félix-Antoine Tshisekedi a marqué un point politique fort lors du 40e Conseil des ministres à Lubumbashi. Le Chef de l’État a exigé que l’augmentation du SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) bénéficie en priorité aux travailleurs les plus vulnérables, ceux dont les revenus actuels ne couvrent même pas les besoins essentiels. Une annonce qui sonne comme un rappel à l’ordre pour les organisateurs du prochain Conseil du travail prévu à Kinshasa en avril 2025.
« Ce sont eux qui subissent le plus durement les effets de la précarité », a souligné le Président, selon les propos rapportés par Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement. La formulation, soigneusement calibrée, vise autant à rassurer une base électorale fragilisée qu’à envoyer un message aux partenaires sociaux : l’emploi reste « la clé de voûte de la paix sociale » dans un pays où les tensions socio-économiques menacent régulièrement la stabilité.
Mais derrière les déclarations de principe se cachent des enjeux complexes. Comment concilier augmentation salariale et compétitivité des entreprises dans un pays où le secteur informel domine ? Le gouvernement promet des « attentes concrètes, réalistes et applicables », mais l’histoire récente des négociations sociales en RDC incite à la prudence. La question de l’emploi des étrangers, évoquée en filigrane, pourrait d’ailleurs devenir un sujet épineux dans les prochains mois.
Dans la même réunion, la Première ministre Judith Suminwa a apporté sa pierre à l’édifice en plaidant pour un recensement général de la population. Une mesure technique en apparence, mais qui pourrait révolutionner la gouvernance congolaise. « Une planification efficace du développement passe par une connaissance précise de la population », a-t-elle affirmé, soulignant l’importance d’une meilleure répartition des ressources.
Ces deux annonces, bien que distinctes, tracent les contours d’une même stratégie : donner des gages sociaux tout en préparant le terrain pour une gestion plus rationnelle des deniers publics. Reste à savoir si ces belles intentions survivront aux réalités du terrain congolais, où les réformes ambitieuses butent souvent sur des résistances systémiques. Entre volontarisme politique et pragmatisme économique, le gouvernement devra trouver un équilibre délicat pour transformer ces promesses en réalisations tangibles.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net