L’arrivée de Joseph Kabila à Goma, en plein territoire sous contrôle rebelle, a jeté un pavé dans la mare politique congolaise. L’ancien chef de l’État, président honoraire de la RDC, a choisi un timing et un lieu pour le moins symboliques pour effectuer son retour sur la scène politique nationale. Cette visite dans le Nord-Kivu, région en proie à l’insécurité et occupée par les forces de l’AFC/M23 soutenues par Kigali, ne manquera pas d’alimenter les spéculations sur ses réelles intentions.
Selon des sources locales, l’ancien président a franchi la frontière rwando-congolaise par le poste de la “Grande barrière” en début de soirée ce vendredi 18 avril. Un itinéraire qui interroge, alors que les tensions entre Kinshasa et Kigali n’ont jamais été aussi vives. Cette démarche intervient quelques jours seulement après la publication d’une lettre ouverte dans Jeune Afrique, où Joseph Kabila annonçait son retour après six années de silence politique et un exil volontaire.
Le séjour de l’ancien président dans cette zone sensible ne passe évidemment pas inaperçu. Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, y voit la confirmation des accusations portées par le pouvoir contre son prédécesseur : “Cette décision constitue un aveu de paternité de Joseph Kabila à la rébellion de l’AFC/M23”, a-t-il déclaré, ajoutant que l’ancien président serait “un pion de Paul Kagame”. Des propos qui reflètent l’état des relations délétères entre les deux camps politiques.
Du côté du PPRD, on dénonce une instrumentalisation politique. Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du parti, qualifie ces accusations de “mensonges” destinés à masquer “l’échec cuisant” du pouvoir actuel. Le ton est donné pour une nouvelle passe d’armes verbale entre les deux formations, alors que la situation sécuritaire dans l’Est continue de se dégrader.
Le président Félix Tshisekedi avait récemment accusé son prédécesseur de soutenir activement les rebelles de l’AFC, allant jusqu’à l’accuser de préparer une insurrection. Des allégations que Joseph Kabila a catégoriquement rejetées, exigeant des preuves tangibles. Cette visite à Goma, dans des circonstances aussi particulières, risque d’enflammer davantage le débat politique et de complexifier la recherche de solutions à la crise sécuritaire qui mine la région.
Alors que la RDC traverse une période critique, ce retour en force de Joseph Kabila sur la scène politique pose plusieurs questions : s’agit-il d’une simple visite de courtoisie ou le prélude à un engagement plus actif ? L’ancien président parviendra-t-il à jouer un rôle de médiateur dans cette crise ou risque-t-il au contraire de l’exacerber ? Une chose est certaine : son passage à Goma relance le débat sur l’implication des anciennes élites dans les troubles actuels de l’Est du pays.
Dans un contexte où les actualités politiques en RDC sont marquées par des tensions croissantes, ce développement pourrait bien redéfinir les équilibres politiques dans les prochains mois. Les observateurs s’interrogent désormais sur les répercussions que pourrait avoir cette visite sur le fragile équilibre des forces dans la région des Grands Lacs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net