Dans un climat politique congolais déjà surchauffé, l’épouse de l’ancien président Joseph Kabila, Marie Olive Lembe, a porté des accusations graves contre les services de renseignement nationaux. Ces derniers sont accusés d’avoir “pillé” une de leurs concessions située dans la commune de Limete à Kinshasa, au cours d’une perquisition menée cette semaine.
“Je dénonce le vol et le pillage de nos biens par les services de l’ex-DEMIAP”, a déclaré Mme Lembe dans un message véhément relayé par les médias. Parmi les biens saisis figurent un groupe électrogène, des panneaux solaires, des batteries et plusieurs véhicules. “Quelle justice a décidé de saisir nos biens ? Qui a porté plainte ? C’est du vol”, s’interroge-t-elle, visiblement outrée par cette opération.
Selon les autorités, cette perquisition s’inscrivait dans le cadre d’un ordre de mission visant “la recherche de matériel et effets militaires de l’État qui auraient été volés ou dissimulés”. Une équipe conjointe de l’ex-DEMIAP (Détection militaire des activités anti-patrie) et de l’Agence nationale de renseignements (ANR) a fouillé des entrepôts, conteneurs, locaux et véhicules présents dans la concession, majoritairement occupés par des locataires.
“Le travail qu’ils sont venus faire chez nous, c’était nous piller ?”, s’indigne encore l’épouse de l’ancien chef de l’État, dénonçant un acharnement manifeste. Cette intervention fait suite à deux autres perquisitions menées dans des propriétés de la famille Kabila en moins d’une semaine, dans un contexte de tensions politiques croissantes entre l’actuel président Félix Tshisekedi et son prédécesseur.
Cette affaire soulève plusieurs questions cruciales sur l’équilibre des pouvoirs en République Démocratique du Congo. Assistons-nous à une instrumentalisation des services de sécurité à des fins politiques ? Ou s’agit-il d’une légitime opération de récupération de biens publics ? Les réponses à ces interrogations pourraient bien déterminer la stabilité politique des prochains mois dans un pays déjà en proie à de multiples défis.
Alors que Kinshasa bruisse de rumeurs et que les réseaux sociaux s’embrasent, cette affaire vient rappeler la fragilité des institutions congolaises et la perméabilité entre sphère politique et appareil sécuritaire. Dans un pays où la mémoire des conflits politiques reste vive, chaque geste, chaque accusation prend une dimension symbolique particulière.
Entre enquête légitime et règlement de comptes politique, la ligne semble particulièrement fine. Les prochains jours diront si cette affaire s’inscrit dans le cadre normal de la lutte contre la dilapidation des biens publics ou si elle marque une nouvelle escalade dans la tension entre les deux principales figures politiques du pays. Une chose est sûre : dans le paysage médiatique congolais, cette affaire ne passera pas inaperçue.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd