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Kabila à Goma : Retour stratégique ou provocation politique en RDC ?

Le retour de Joseph Kabila à Goma, ce vendredi 18 avril 2025, après plus d’un an d’absence, a électrisé la scène politique congolaise. L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC) a choisi comme porte d’entrée une ville en proie à l’insécurité et partiellement contrôlée par les rebelles du M23, un mouvement soutenu par le Rwanda. Ce choix stratégique ne relève pas du hasard et en dit long sur les ambitions de l’ancien chef de l’État.

Dans une lettre adressée à Jeune Afrique le 8 avril, Kabila justifiait son retour par la « dégradation du contexte sécuritaire » et son désir de contribuer à la « recherche de la solution » à la crise congolaise. Des mots qui sonnent comme une critique voilée à l’égard de son successeur, Félix Tshisekedi, dont la gestion de la crise à l’Est est régulièrement pointée du doigt. Goma, capitale du Nord-Kivu, est aujourd’hui un symbole des défis sécuritaires auxquels fait face la RDC. En s’y installant, Kabila se pose en alternative crédible, voire en sauveur potentiel.

Les réactions à son arrivée ont été contrastées. Une partie de la population a accueilli l’ancien président avec enthousiasme, comme en témoignent les scènes de liesse relayées sur les réseaux sociaux. « Kabila revient non pas comme une relique, mais comme un symbole d’espoir face à l’échec total de Tshisekedi », peut-on lire sur X. Pourtant, d’autres voix s’élèvent pour dénoncer une manœuvre politique. « Le masque tombe, enfin. Kabila n’a jamais quitté le cœur du système qui alimente l’insécurité à l’Est », critique un autre internaute, reprenant les accusations du pouvoir actuel.

À Kinshasa, ce retour est perçu comme une provocation. Le président Tshisekedi, qui accuse régulièrement son prédécesseur de soutenir les rebelles pour déstabiliser son régime, voit dans cette manœuvre une tentative de sape. « Kabila boycotte les élections et prépare une insurrection », avait-il déclaré en août 2024. Le timing est d’autant plus sensible que la région est plongée dans une crise humanitaire sans précédent, avec des millions de déplacés et des violences quotidiennes. Kabila pourrait-il capitaliser sur ce mécontentement pour se repositionner sur l’échiquier politique ?

Le contexte régional ajoute une couche de complexité. Le Rwanda, accusé de soutenir le M23, observe avec attention les mouvements de l’ancien président. Certains se demandent si Kabila, qui a entretenu des relations ambiguës avec Kigali par le passé, pourrait jouer un rôle de médiateur ou, au contraire, envenimer les tensions. Son rapprochement avec Moïse Katumbi, lors d’une rencontre à Addis-Abeba en décembre 2024, montre qu’il tisse des alliances stratégiques pour contrer Tshisekedi.

Entre nostalgie d’un passé perçu comme plus stable et craintes d’une instrumentalisation des groupes armés, le retour de Joseph Kabila divise. Est-il venu apaiser les tensions ou attiser le feu ? La réponse se dessinera dans les prochaines semaines, mais une chose est certaine : dans une RDC au bord de l’implosion, chaque geste de l’ancien « raïs » sera analysé à la loupe. Goma n’est peut-être qu’une première étape avant un retour plus fracassant sur la scène nationale.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: linterview.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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