La visite de Joseph Kabila à Goma, le 18 avril dernier, a suscité des réactions contrastées dans un contexte déjà marqué par une instabilité sécuritaire et politique. Alors que la ville est sous l’emprise du mouvement rebelle M23, la présence de l’ancien chef de l’État congolais interroge sur son influence persistante dans les arcanes du pouvoir. Cette descente, loin d’être anodine, pourrait bien être le prélude à une recomposition des forces politiques dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Les relations entre Joseph Kabila et Corneille Nangaa, leader de l’Alliance des forces congolaises (AFC), ajoutent une dimension géopolitique à cette équation déjà complexe. Certains observateurs n’hésitent pas à voir dans cette visite un signal fort, voire une manœuvre stratégique visant à réaffirmer son emprise sur une région en proie aux conflits armés. Dans ce jeu d’échecs politique, chaque déplacement est un coup, chaque apparition un message.
Cette situation soulève des questions cruciales : Kabila cherche-t-il à repositionner son camp dans la perspective des prochaines échéances électorales ? Ou s’agit-il d’une simple démonstration de force à l’égard du pouvoir actuel ? Les tensions entre pro-Kabila et partisans du gouvernement Tshisekedi pourraient atteindre un point de non-retour si aucune médiation n’est engagée. La polarisation extrême de la scène politique congolaise ne fait qu’accentuer ces risques.
Parallèlement, l’initiative du député Elisezer Ntambwe visant à abolir la loi protégeant l’ancien président témoigne d’une volonté de rupture avec le passé. Cette proposition législative, loin d’être anecdotique, symbolise les aspirations d’une partie de la classe politique et de la population congolaise à tourner la page d’une ère marquée par les crises. Le débat autour de cette loi pourrait bien devenir le thermomètre de la maturité démocratique du pays.
Dans ce contexte volatile, la communauté internationale ne peut rester spectatrice. Les bailleurs de fonds et les organisations régionales doivent-ils intervenir pour prévenir une escalade des tensions ? La réponse à cette question pourrait déterminer l’avenir immédiat de la région des Grands Lacs. Les enjeux sécuritaires, économiques et politiques sont tels que toute étincelle pourrait embraser l’ensemble de la sous-région.
La visite de Joseph Kabila à Goma s’inscrit donc dans une temporalité politique cruciale pour la RDC. Elle intervient à un moment où le pays semble à la croisée des chemins, entre perpétuation des anciens schémas et aspiration au renouveau. Les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si cette apparition marquera le début d’une nouvelle phase d’instabilité ou, au contraire, le catalyseur d’un dialogue national inclusif. Une chose est certaine : dans la politique congolaise, rien n’est jamais simple, et chaque geste compte double.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net