Le débat sur l’instauration d’un État fédéral en République Démocratique du Congo prend une tournure passionnante, voire polémique, alors que les positions se cristallisent au sein de la classe politique. Relancé par Olivier Kamitatu, ancien président de l’Assemblée nationale et actuel directeur de cabinet de Moïse Katumbi, cette proposition divise autant qu’elle interroge sur l’avenir de la gouvernance en RDC.
Dans une déclaration percutante, le parti Envol de l’opposant Delly Sessanga, par la voix de son secrétaire général Rodrigue Ramazani, a apporté une nuance de taille. Selon lui, la RDC fonctionne déjà sous un régime proche du fédéralisme, un « régionalisme constitutionnel » qui n’a pourtant pas su prouver son efficacité depuis 2006. Une analyse qui met le doigt sur l’incapacité des dirigeants à maîtriser les mécanismes de gestion décentralisée, malgré le cadre légal existant.
Mais la question fondamentale demeure : le fédéralisme est-il vraiment la solution aux maux de la RDC ? Ramazani en doute fortement, plaidant plutôt pour une réforme en profondeur de la culture politique avant toute refonte institutionnelle. Son avertissement est clair : appliquer le fédéralisme dans les conditions actuelles risquerait d’aggraver les divisions et d’ouvrir la boîte de Pandore des velléités séparatistes.
Cette position rejoint celles exprimées par d’autres figures politiques. Patrick Kanga du PPRD et André-Alain Atundu, ancien porte-parole de la majorité présidentielle, ont tous deux rejeté la proposition fédéraliste, la qualifiant de cosmétique et inopportune. Un consensus se dessine donc dans l’opposition pour privilégier l’application effective de la décentralisation constitutionnelle plutôt qu’une révolution institutionnelle.
Pourtant, Kamitatu persiste et signe. Dans sa tribune, il dépeint un modèle centralisé inefficace, incapable de répondre aux défis majeurs du pays : gestion chaotique des ressources, pauvreté endémique et conflits armés récurrents. Sa solution ? Un fédéralisme articulé autour de cinq grandes régions dotées de larges autonomies, notamment dans la gestion des richesses naturelles. Une vision ambitieuse qui soulève autant d’espoirs que de craintes.
Alors que ce débat crucial pour l’avenir de la RDC prend de l’ampleur, une question subsiste : nos dirigeants ont-ils la maturité politique nécessaire pour mener à bien une telle réforme, ou ne s’agit-il que d’une nouvelle diversion dans le paysage politique congolais ? L’histoire jugera, mais une chose est certaine : le statu quo n’est plus une option.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd