L’économie minière de la République démocratique du Congo (RDC) pourrait connaître un tournant historique avec l’émergence d’une nouvelle génération de femmes entrepreneures. La quatrième édition du Women’s Day, organisée ce mercredi 16 avril 2025 par la Chambre des Mines à l’hôtel Hilton de Kinshasa, a placé la question de l’entreprenariat féminin dans le secteur minier au cœur des débats.
« Un secteur minier sans femme est un secteur qui se prive de la moitié de son potentiel », a déclaré avec force Mme Bernadette Mpundu Mpia, vice-présidente en charge de l’entreprenariat à la Chambre des Mines. Ce constat sans appel résume l’enjeu majeur pour l’économie RDC : intégrer pleinement les femmes dans ce secteur stratégique qui représente près de 30% du PIB national.
Les obstacles restent pourtant nombreux. Selon les analyses présentées lors de l’événement, les femmes congolaises font face à un triple défi : manque d’accès à l’information, difficultés de financement et barrières culturelles. « Le secteur minier en RDC reste le moins investi par les femmes, non pas par manque de volonté ou de compétence, mais bien souvent par manque d’opportunités », a souligné Mme Mpundu Mpia.
Cette édition 2025 du Women’s Day a cependant montré des signes encourageants. Le panel exclusivement féminin a réuni des figures emblématiques comme Marna Cloete (Présidente d’Ivanhoe), Annebel Oosthuizen (DG de Kamoa Copper) ou encore Shanty Tshiela (Fondatrice d’EG Groupe). Leurs témoignages ont mis en lumière des parcours inspirants et démontré que la réussite féminine dans les mines RDC est possible.
L’intervention de Bénie Kabemba, spécialiste Diversité chez Glencore, a particulièrement marqué les esprits. Présentant le cadre IDEAL (Inclusion, Diversité, Équité, Avancement Local), elle a expliqué comment les grandes entreprises minières peuvent devenir des acteurs du changement. « L’inclusion n’est pas une option, c’est une nécessité économique », a-t-elle affirmé.
La Chambre des Mines, qui regroupe 54 entreprises minières et 10 entreprises non minières, semble déterminée à jouer un rôle moteur dans cette transformation. Mme Nanou Suku, cheffe du bureau de l’institution, a rappelé que parmi ses missions figurait « l’élaboration d’une politique propice au développement des activités minières » – une opportunité pour intégrer davantage la dimension genre.
Alors que le secteur minier congolais traverse une période de mutation avec l’essor des mines artisanales et la montée en puissance des minerais stratégiques, la question de la place des femmes apparaît comme un levier de croissance sous-exploité. Les expertes présentes ont souligné que l’inclusion féminine pourrait apporter des solutions innovantes aux défis environnementaux et sociaux du secteur.
Cette quatrième édition du Women’s Day marque-t-elle le début d’une nouvelle ère pour l’entreprenariat minier féminin en RDC ? Si les engagements se concrétisent, le secteur pourrait voir émerger d’ici cinq ans une génération de femmes chefs d’entreprise capables de transformer en profondeur l’industrie extractive congolaise. Un enjeu crucial pour l’économie congolaise et l’équilibre social du pays.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd