Les images qui nous parviennent du quartier Dingi-Dingi, dans la commune de Kisenso à Kinshasa, sont bouleversantes. Des familles entières, victimes des récentes inondations, survivent dans des conditions inhumaines à l’ITI Kitomesa. Trois semaines après la catastrophe, leur détresse ne fait que s’amplifier. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi ces congolais doivent-ils encore supplier pour obtenir une aide élémentaire ?
Sur place, la situation est catastrophique. « Regardez nos logements. Les latrines que les mamans et les enfants utilisent sont sales. Il n’y a ni matelas, ni lits, ni quoi que ce soit », témoigne, la voix brisée, le chef du site qui accueille ces 180 familles sinistrées. L’odeur nauséabonde qui se dégage des lieux suffit à illustrer l’urgence sanitaire. Pire encore : les robinets sont secs depuis une semaine, privant ces populations déjà vulnérables d’un accès à l’eau potable.
Les témoignages recueillis sur place dressent un tableau alarmant de la situation humanitaire dans cette partie de la capitale congolaise. Femmes enceintes, enfants malades, personnes âgées… tous dorment à même le sol, dans des locaux scolaires transformés en abris de fortune. « Nous avons trop de problèmes sur ce site », soupire un responsable local, impuissant face à l’ampleur des besoins.
Face à cette détresse, l’aide institutionnelle se fait cruellement attendre. Les sinistrés affirment n’avoir reçu que quelques vivres, distribués au compte-gouttes par deux élus du peuple et l’ONG Caritas. Rien de la part des autorités gouvernementales pourtant alertées depuis le début de cette crise. Un notable de Kisenso lance un appel pressant : « Il faut une prise en charge adéquate, comme dans d’autres sites réquisitionnés par le Gouvernement ».
Mais une question cruciale se pose : comment organiser une aide efficace sans créer de nouvelles injustices ? Le même notable met en garde contre la présence d’« intrus » parmi les sinistrés : « Il y a des gens qui viennent ici parce qu’ils entendent dire qu’on va donner des terres et des maisons. Ils s’invitent parmi les sinistrés… ». Une situation qui complique davantage la gestion de cette crise humanitaire.
Alors que la saison des pluies se poursuit en RDC, cette tragédie à Kisenso pose des questions plus larges sur la prévention des risques et la gestion des catastrophes naturelles à Kinshasa. Combien d’autres quartiers vulnérables attendent leur tour ? Quelles mesures concrètes seront prises pour éviter que de telles scènes ne se reproduisent ? Les autorités congolaises sauront-elles répondre à temps à ce cri de détresse ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net