La République Démocratique du Congo (RDC) se classe parmi les cinq pays les plus pauvres du monde, selon un récent rapport de la Banque mondiale publié en octobre 2024. Avec 73,5 % de sa population vivant avec moins de 2,15 dollars par jour, la RDC représente un cas emblématique de la pauvreté en Afrique subsaharienne, où une personne sur six en situation d’extrême précarité réside dans ce pays. Face à cette réalité, les femmes congolaises, notamment à Kinshasa, se mobilisent pour trouver des solutions locales et innovantes.
Dans des quartiers populaires comme Kisenso et Kindele, des initiatives communautaires portées par des femmes émergent comme des lueurs d’espoir. À Kisenso, des coopératives féminines transforment le manioc, créent des ateliers de couture ou développent des microcrédits. « Nous avons commencé avec cinq femmes et un petit fonds de départ. Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine, et nos produits se vendent jusqu’au grand marché », témoigne Jeanne Hutu, présidente d’une coopérative. Ces projets, bien qu’autogérés, génèrent des revenus et renforcent la cohésion sociale.
À Kindele, les femmes ont innové avec des mutuelles de solidarité, des tontines modernes permettant de financer des dépenses de santé, la scolarité des enfants ou des activités génératrices de revenus. « La pauvreté nous pousse à l’ingéniosité. Si nous attendons l’aide, nous mourrons de faim. Alors, nous agissons », explique Grâce Kishila, membre d’une de ces mutuelles. Ces mécanismes témoignent d’une résilience économique impressionnante dans un contexte où les institutions publiques peinent à répondre aux besoins essentiels.
Au-delà de l’économie informelle, l’éducation devient un levier stratégique pour ces femmes. Des bénévoles organisent des ateliers d’alphabétisation et d’éducation financière, ciblant particulièrement les jeunes filles et les mères célibataires. « L’éducation est notre arme. Une femme instruite, c’est une famille plus stable et un quartier plus fort », affirme Chantal Kanyero, éducatrice communautaire. Ces efforts, bien que modestes, pourraient avoir un impact durable sur le développement humain en RDC.
Pourtant, les obstacles restent nombreux : manque de financements, discriminations sociales et absence de soutien institutionnel freinent l’expansion de ces initiatives. Mireille Mbole Moli, vendeuse d’épices à Kindele, raconte avec amertume l’échec d’un projet agroalimentaire par manque de moyens. « Nous avons dû tout arrêter. Aujourd’hui, chacune s’est rabattue sur un petit commerce peu rentable, juste pour survivre », déplore-t-elle.
Malgré ces défis, des ONG locales et internationales commencent à apporter un soutien, renforçant les capacités des associations féminines. Maguy Konde, entrepreneure dans l’agroalimentaire, salue ces efforts tout en appelant à une intensification de l’aide. « Si ce soutien pouvait s’intensifier, cela ferait une vraie différence », souligne-t-elle. Ces dynamiques communautaires, bien que fragiles, pourraient devenir un modèle de développement endogène si elles bénéficiaient d’un accompagnement plus structuré.
Dans un pays où la pauvreté reste un défi majeur, ces femmes incarnent une résistance économique et sociale remarquable. Leur capacité à s’organiser malgré les difficultés offre des pistes de réflexion pour des politiques publiques plus inclusives. La RDC, souvent perçue à travers le prisme de ses richesses minières, gagnerait à miser sur le potentiel entrepreneurial de ses femmes pour sortir de la spirale de la précarité.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd