Dans les régions rurales de la République Démocratique du Congo, longtemps laissées pour compte dans la lutte contre le paludisme, une lueur d’espoir se dessine enfin. Grâce à une combinaison d’efforts de prévention, d’éducation sanitaire et d’un meilleur accès aux traitements, ces communautés commencent à voir les effets concrets d’une approche intégrée. Au cœur de cette transformation se trouve Pharmakina, une entreprise pharmaceutique basée à Bukavu, qui joue un rôle clé depuis 1942.
Le paludisme reste l’un des défis sanitaires les plus redoutables en RDC, avec près de 75 000 décès enregistrés en 2022, dont plus de 75 % concernaient des enfants de moins de cinq ans. Face à ce fléau, Pharmakina a mis en place une stratégie innovante, tirant parti des vastes plantations de quinquina de la région du Kivu. La RDC détient plus de 90 % des ressources mondiales de cette plante, essentielle pour la production de quinine, un médicament antipaludique vital.
En 2024, Pharmakina a fait un geste remarquable en offrant 3 millions de jeunes plants de quinquina aux agriculteurs locaux. Cette initiative, qui devrait atteindre 5 millions de plants en 2025, représente un investissement de plusieurs centaines de milliers de dollars, entièrement financé par l’entreprise. Ce modèle de développement intégré permet non seulement de sécuriser l’approvisionnement en quinquina pour la production de médicaments, mais aussi d’offrir une source de revenus durable aux petits agriculteurs.
Autrefois, les populations rurales devaient parcourir des dizaines de kilomètres pour accéder aux traitements antipaludiques. Aujourd’hui, grâce au réseau de distribution de Pharmakina, ces médicaments sont disponibles même dans les pharmacies de village les plus reculées. Cette accessibilité accrue a permis de réduire considérablement les cas graves de paludisme et de faire baisser la mortalité infantile dans les zones ciblées.
Mais l’action de Pharmakina ne s’arrête pas là. Soutenue par des ONG et les autorités sanitaires, l’entreprise mène des campagnes éducatives pour sensibiliser les populations aux symptômes du paludisme, aux méthodes de prévention des piqûres de moustiques et à l’importance d’une consultation rapide. Des agents de santé communautaires formés distribuent des moustiquaires imprégnées d’insecticide, rendent visite aux familles et accompagnent les femmes enceintes, particulièrement vulnérables à cette maladie.
Dans un contexte où de nombreux acteurs économiques se sont retirés de l’est de la RDC en raison des conflits permanents, Pharmakina reste un pilier économique vital. Avec son laboratoire In-Vitro, l’entreprise a même contribué à sauver l’espèce de quinquina de l’extinction, assurant ainsi la pérennité de ce remède vieux de cinq siècles. Aujourd’hui, Pharmakina est le plus grand employeur de la région du Kivu, démontrant qu’il est possible de concilier santé publique, développement économique et protection de l’environnement.
Cette approche holistique montre que la lutte contre le paludisme en RDC ne peut être gagnée sans impliquer activement les communautés locales et sans investir dans des solutions durables. Les progrès réalisés dans les zones rurales grâce à Pharmakina et ses partenaires offrent un modèle prometteur pour d’autres régions du pays, voire d’autres pays africains confrontés à des défis similaires.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
