La prison centrale de Mbuji-Mayi, dans la province du Kasaï-Oriental, fait face à une situation sanitaire préoccupante avec la détection de onze cas de tuberculose parmi les détenus ces dernières semaines. Cette alerte, lancée par la directrice de l’établissement pénitentiaire, a été confirmée par le ministre provincial de la Santé, Daniel Kazadi Tshilumbayi, mettant en lumière les défis de santé publique dans les milieux carcéraux congolais.
Comment une maladie aussi contagieuse que la tuberculose a-t-elle pu se propager dans cet environnement confiné ? La réponse réside en partie dans les difficultés logistiques rencontrées par les autorités sanitaires. « La directrice de la prison a signalé une recrudescence des cas de toux parmi les détenus », a expliqué le ministre. Un symptôme souvent banalisé, mais qui peut cacher une infection bien plus grave. Le véritable problème ? Une rupture de crachoirs, ces récipients essentiels pour recueillir les échantillons nécessaires au dépistage.
Actuellement, les onze détenus diagnostiqués sont sous traitement. Mais cette prise en charge, bien que nécessaire, arrive tardivement. Le ministre provincial a reconnu un retard significatif dans le dépistage systématique : « Le dernier dépistage a eu lieu en novembre dernier, alors qu’il devrait être effectué trois à quatre fois par an ». Un laps de temps suffisant pour permettre à la maladie de se propager silencieusement parmi la population carcérale.
Face à cette situation, les autorités provinciales affirment avoir pris des mesures correctives. Un nouveau lot de crachoirs a été réceptionné, permettant enfin d’organiser un dépistage à grande échelle. « Nous venons de recevoir un stock de crachoirs », a confirmé Daniel Kazadi Tshilumbayi, soulignant l’urgence de rattraper le retard accumulé. Une course contre la montre commence donc pour identifier et isoler les nouveaux cas potentiels.
Cette situation pose plusieurs questions sur les conditions sanitaires dans les prisons de la RDC, particulièrement à Mbuji-Mayi. La tuberculose, maladie infectieuse qui se transmet par voie aérienne, trouve dans les milieux carcéraux surpeuplés et mal ventilés un terrain propice à sa propagation. Les spécialistes de la santé publique ne cessent de rappeler l’importance d’un dépistage régulier dans ces environnements à risque.
Au-delà de la réponse immédiate, cet incident révèle les faiblesses structurelles du système de santé en milieu carcéral. La rupture prolongée de crachoirs, matériel pourtant basique, illustre les difficultés d’approvisionnement en matériel médical. Une situation qui n’est probablement pas isolée dans les prisons congolaises, comme le laissent entendre plusieurs rapports d’organisations de défense des droits humains.
Pour les autorités sanitaires du Kasaï-Oriental, le défi est maintenant double : contenir la propagation actuelle tout en mettant en place des mécanismes pour prévenir de futures épidémies. Le ministre provincial de la Santé a assuré que des mesures étaient en cours pour renforcer la surveillance épidémiologique dans l’établissement. Reste à savoir si ces actions seront suffisantes pour enrayer définitivement la menace.
Cet épisode souligne l’importance cruciale du dépistage précoce dans la lutte contre la tuberculose, particulièrement en RDC où les systèmes de santé font face à de multiples défis. Pour les détenus de Mbuji-Mayi comme pour l’ensemble de la population congolaise, l’accès à des soins de santé primaires de qualité reste un enjeu majeur de développement. Une réalité qui rappelle que la santé en prison n’est pas qu’une question pénitentiaire, mais bien un problème de santé publique qui nous concerne tous.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net