Dans le quartier Muzipela à Bunia, en Ituri, l’orphelinat Saint Kizito fait face à une situation humanitaire alarmante. Les lits se remplissent à un rythme effréné, passant de 90 à 116 enfants en un mois seulement. Parmi eux, des nouveau-nés fragiles et des orphelins dont les regards interrogent silencieusement : comment une société peut-elle en arriver là ?
Sœur Immaculée Mandesi, la responsable de ce centre, décrit une réalité qui glace le sang : “Nous manquons cruellement de lait infantile, les soins médicaux sont précaires et la scolarisation devient un luxe”. Les récits des arrivées quotidiennes d’enfants, souvent victimes collatérales de l’insécurité chronique dans la région, brisent le cœur. Un cas particulièrement poignant concerne un nourrisson dont les parents ont péri – le père décédé, la mère emportée par les complications de l’accouchement.
La situation atteint un point critique où même les organisations habituellement solides comme CARITAS semblent dépassées. La proposition de recourir à la MONUSCO pour un transport aérien d’urgence en dit long sur la gravité de la crise. “L’insécurité disperse les enfants comme des feuilles au vent”, soupire Sœur Immaculée, soulignant le caractère transrégional de ce drame humanitaire.
L’appel lancé par l’orphelinat Saint Kizito résonne comme un cri dans le désert institutionnel. Alors que l’État congolais brille par son absence, les structures comme l’Unicef sont interpellées urgemment. La question se pose : jusqu’à quand la société civile devra-t-elle pallier les carences des autorités en matière de protection de l’enfance ?
Cette crise à Bunia n’est pas isolée. Elle reflète les fractures profondes d’une région où violence et précarité se nourrissent mutuellement, avec les enfants comme premières victimes. Derrière les statistiques se cachent des destins brisés, des potentiels étouffés dans l’œuf. La réponse à cette urgence humanitaire testera notre capacité collective à protéger les plus vulnérables dans cette partie tourmentée de la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
