Le chapiteau du Pullman Hôtel à Kinshasa a servi de cadre, ce mardi 15 avril 2025, à l’ouverture du Dialogue national sur la gouvernance minière dans un contexte marqué par les conflits en RDC et dans la région des Grands Lacs. Initié par le Comité de crise pour la paix et la sécurité en RDC, ce forum réunit les forces vives de la nation autour d’un enjeu crucial : la traçabilité des ressources minières et la lutte contre leur pillage.
La Première ministre Judith Suminwa Tuluka a personnellement présidé cette cérémonie d’ouverture, marquant ainsi l’engagement ferme de l’Exécutif dans ce combat pour la souveraineté nationale. « Les minerais congolais doivent bénéficier au peuple congolais », a-t-elle martelé, rappelant la vision du président Félix Tshisekedi.
Un diagnostic sans concession
Patient Batshombe Matabishi, coordonnateur de la dynamique société civile, a dressé un tableau alarmant : « Dans l’Est du pays, les minerais financent les groupes armés plutôt que le développement local ». Selon les dernières estimations, près de 30% de la production minière artisanale échapperait au circuit officiel, alimentant un trafic transfrontalier évalué à plusieurs centaines de millions de dollars annuels.
Le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a quant à lui insisté sur les réformes en cours : « Nous avons renforcé le système de certification, amélioré la traçabilité et durci les sanctions contre les fraudeurs ». Des propos corroborés par les récentes statistiques montrant une augmentation de 15% des recettes minières officielles au premier trimestre 2025.
L’Allemagne en partenaire engagé
La présence de l’ambassadeur allemand Ingo Herbert a souligné l’importance internationale de cet enjeu. « L’Allemagne soutient techniquement et financièrement les efforts de traçabilité », a-t-il affirmé, annonçant un nouveau programme d’appui de 10 millions d’euros. Cette coopération bilatérale s’inscrit dans le cadre plus large de l’initiative « Minerais pour la paix » portée par l’Union européenne.
Des attentes concrètes
La Première ministre a fixé des objectifs clairs aux participants : « Nous attendons des propositions opérationnelles pour :
- Renforcer le contrôle aux frontières
- Améliorer la transparence dans la chaîne d’approvisionnement
- Protéger les mineurs artisanaux
- Lutter contre la corruption dans le secteur
Ce dialogue, qui se poursuivra jusqu’au 17 avril, devrait aboutir à une feuille de route commune entre État, société civile et partenaires techniques. Un document qui sera soumis à l’examen du Conseil des ministres dans les plus brefs délais, selon les engagements pris par la cheffe du gouvernement.
Alors que la RDC possède près de 50% des réserves mondiales de cobalt et d’importantes quantités de cuivre, d’or et de coltan, la bonne gouvernance minière apparaît plus que jamais comme le socle indispensable du développement économique national. Ce forum marque peut-être un tournant décisif dans la reconquête par Kinshasa du contrôle de ses richesses naturelles.
Article Ecrit par Amissi G
Source: primature.grouv.cd