Dans les territoires de Walikale et de Lubero, au Nord-Kivu, la situation humanitaire reste alarmante. Selon le dernier rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), publié ce 15 avril, de nouveaux déplacements de population ont été enregistrés au cours du mois de mars 2025. Pourtant, une lueur d’espoir persiste : environ 286 000 personnes ont pu bénéficier d’une assistance humanitaire dans cette région en proie à l’instabilité.
“Nous avons tout perdu en une nuit”, témoigne Mama Safi, une habitante de Walikale-Centre rencontrée dans un camp de déplacés à Lubutu. Comme elle, plus de 70% des habitants de cette localité ont fui les violences armées qui ont repris avec intensité en mars dernier. Les forêts environnantes et les localités voisines comme Lubutu jusqu’au Maniema deviennent alors les seuls refuges pour ces populations traumatisées.
Le 22 mars dernier, des bombardements ont frappé la région, faisant au moins trois morts parmi les civils et plusieurs blessés. Les infrastructures publiques n’ont pas été épargnées : l’aérodrome de Kigoma et le pont sur la rivière Lowa ont subi d’importants dégâts. Comment ces communautés peuvent-elles se relever quand les accès et les services de base sont systématiquement détruits ?
La situation sanitaire devient particulièrement préoccupante. Les affrontements persistants bloquent l’acheminement des intrants agricoles et des équipements médicaux, mettant à rude épreuve les acteurs de santé déjà débordés. Pourtant, depuis début avril, une timide reprise des activités est observée à Walikale-Centre. Les petits marchés, les services et les pharmacies locales recommencent à fonctionner, permettant le retour d’environ 20% des habitants selon l’OCHA.
Dans le territoire voisin de Masisi, le tableau n’est guère plus réjouissant. Des incursions fréquentes et des affrontements entre groupes armés ont provoqué la fuite d’au moins 900 personnes vers la localité de Nyange. Entre le 25 et le 26 mars, des hommes armés ont enlevé au moins dix personnes dans les villages de Malemo, Kahira et Kamonyi. Ces violences récurrentes rappellent cruellement la vulnérabilité des populations civiles prises au piège de ces conflits.
Face à cette situation complexe, plusieurs questions se posent : jusqu’à quand ces populations devront-elles vivre dans la peur et la précarité ? Comment assurer une assistance humanitaire pérenne dans des zones où la sécurité n’est jamais garantie ? Les acteurs humanitaires font preuve d’un courage remarquable, mais leurs efforts semblent souvent réduits à néant par l’escalade des violences. La communauté internationale parviendra-t-elle à trouver des solutions durables pour ces régions oubliées de la RDC ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
