La vie quotidienne de milliers de Kinois bascule depuis peu. Dans l’ouest de Kinshasa, le robinet qui coule à flot n’est plus qu’un lointain souvenir pour les habitants de 18 quartiers, plongés dans une pénurie d’eau potable inédite. « Je fais la queue depuis 5h du matin devant le forage du quartier, mais l’eau ne vient plus », témoigne Mama Joséphine, commerçante à Bandalungwa, le visage ruisselant de sueur sous le soleil accablant.
La REGIDESO, régie nationale des eaux, a officiellement reconnu la crise dans un communiqué rendu public. La panne d’une ligne électrique critique paralyse partiellement l’usine de traitement OZON, cœur battant de l’approvisionnement en eau de la région. Résultat : Lemba, Flambeau, Ma Campagne, Joli Parc jusqu’à Bumbu, autant de communes contraintes à un rationnement drastique.
Comment une simple panne électrique peut-elle plonger une métropole de 15 millions d’habitants dans une telle situation ? La question hante les esprits alors que les Kinois improvisent des solutions de survie. À Ngiri-Ngiri, les enfants parcourent des kilomètres avec des bidons jaunes à la recherche de points d’eau alternatifs. « C’est la troisième journée sans douche pour ma famille », confie un père de famille sous couvert d’anonymat, la voix chargée de honte.
La REGIDESO tente de rassurer : « Nos équipes travaillent jour et nuit », promet l’ingénieur Remo Matundu Mpaka, directeur régional. Mais sur le terrain, la colère gronde. À Kintambo, des jeunes ont bloqué l’avenue principale, exigeant des solutions durables. « Ils parlent de panne temporaire, mais nous, on vit un calvaire permanent », lance un manifestant, brandissant un seau vide comme symbole de protestation.
Cette crise met en lumière la vulnérabilité du réseau hydrique kinois, où 60% de la population dépend déjà de sources alternatives selon les dernières études. Les experts pointent du doigt l’urgence d’investissements massifs dans les infrastructures, alors que le changement climatique intensifie les stress hydriques. « Sans eau, il n’y a pas de développement possible », rappelle le professeur Nlandu, hydrologue à l’Université de Kinshasa.
En attendant les réparations, les quartiers concernés vivent au rythme des camions-citernes et des forages improvisés. Une situation qui rappelle cruellement que l’accès à l’eau potable, droit fondamental, reste un privilège précaire dans la capitale congolaise. La patience des habitants sera-t-elle récompensée par des solutions durables ? La question reste en suspens, aussi lourde que les bidons que les femmes portent désormais sur des kilomètres.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source:RTNC