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Mbuji-Mayi : Des enfants transformés en petits commerçants pour survivre à la crise scolaire

À Mbuji-Mayi, capitale du Kasaï-Oriental, une réalité poignante se dessine chaque matin au marché central de Bakwandanga. Des centaines d’enfants, certains à peine âgés de 10 ans, troquent leurs cahiers contre des sacs plastiques, des beignets fumants ou des œufs. Leur objectif ? Gagner quelques francs congolais pour pouvoir accéder à l’éducation, devenue un luxe inabordable dans cette ville de près de 3 millions d’habitants.

« Je vends des sachets depuis 6h du matin. Avec l’argent, je paierai les frais de mon école privée », confie timidement Jean*, 12 ans, les mains noircies par la poussière du marché. Comme lui, des dizaines de gamins arpentent les artères de la ville, transformés en petits commerçants ambulants. Certains proposent même des médicaments de base, jouant aux pharmaciens improvisés.

Cette situation alarmante trouve son origine dans le paradoxe de la gratuité de l’enseignement public décrétée en RDC. Si la mesure a permis à des milliers d’enfants d’accéder à l’école, elle a aussi engorgé les établissements publics au point de les rendre inaccessibles. « Les classes sont surpeuplées, parfois jusqu’à 150 élèves pour un seul enseignant », déplore un parent croisé près de l’aéroport.

Face à ce dilemme cornélien, les familles doivent choisir : garder leurs enfants à la maison ou les envoyer travailler pour payer une école privée. « Nous n’avons pas le choix », soupire Marie, mère de quatre enfants, tandis que sa fille de 9 ans vend des morceaux de fromage à la sauvette. « La gratuité est une bonne chose, mais sans infrastructures supplémentaires, elle crée plus de problèmes qu’elle n’en résout. »

Les autorités provinciales ont mis en place un programme de rattrapage scolaire sur trois ans. « Ce système permet aux enfants déscolarisés de réintégrer le circuit éducatif », explique François Mukendi, chef de division provinciale de l’Éducation. Mais sur le terrain, la solution semble bien maigre face à l’ampleur du phénomène.

Mbuji-Mayi, ville enclavée et économiquement asphyxiée, devient ainsi le théâtre d’une génération sacrifiée. Ces enfants-pharmaciens, ces écoliers-marchands illustrent cruellement les ratés des politiques éducatives en RDC. Jusqu’où ira cette course contre la montre où l’enfance se monnaye au prix de l’urgence économique ? La question reste en suspens, comme ces gamins entre deux clients, rêvant peut-être d’un avenir différent.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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