Dans un geste sans précédent, les peuples autochtones pygmées de la République Démocratique du Congo ont élevé la voix ce jeudi 10 avril à Kinshasa, réclamant une place au sein du futur Gouvernement d’union nationale. Cette revendication, portée par une déclaration publique, met en lumière le malaise persistant d’une communauté marginalisée, pourtant gardienne historique du précieux patrimoine forestier du bassin du Congo.
« Nous sommes les gardiens du bassin du Congo. Mais depuis l’indépendance, nous n’avons jamais été consultés », déplore Richard Bokatola, porte-parole de ces communautés. Une amertume palpable dans un pays où la représentativité politique reste un défi permanent. Les pygmées, souvent relégués au rang de citoyens de seconde zone, entendent bien briser ce plafond de verre institutionnel.
La demande est claire : une consultation équitable dans le processus de formation du gouvernement. « Nous pouvons contribuer dans tous les secteurs comme les autres Congolais », insiste Bokatola. Un argument qui trouve écho dans les principes constitutionnels de la RDC, mais qui se heurte aux réalités d’un système politique peu enclin à l’inclusion des minorités.
Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte plus large de reconnaissance des droits des peuples autochtones en Afrique centrale. Les pygmées congolais, en plus de solliciter leur inclusion politique, appellent à un soutien international. Une stratégie judicieuse, puisant dans le réseau des organisations de défense des droits de l’homme et de la société civile, pour peser sur les décideurs nationaux.
Le timing de cette revendication n’est pas anodin. Alors que le président de la République s’apprête à former un gouvernement dit d’union nationale, la question de la représentativité de toutes les composantes de la nation congolaise devient cruciale. Les pygmées entendent bien que cette « union » ne soit pas qu’un vain mot, mais inclue réellement ceux qui, depuis des générations, protègent l’un des poumons verts de la planète.
Cette démarche soulève des questions fondamentales sur la nature même de la démocratie congolaise. Jusqu’où le système politique est-il prêt à aller pour intégrer ses minorités ? La réponse à cette question rhétorique pourrait bien déterminer l’avenir non seulement des pygmées, mais de toute la nation congolaise dans sa quête d’une véritable unité nationale.
Alors que Kinshasa bruisse des tractations politiques habituelles, cette intervention des peuples autochtones apporte une note différente dans le débat public. Elle rappelle que la construction nationale passe aussi par la reconnaissance de ceux qui, bien que souvent invisibilisés, jouent un rôle clé dans la préservation de l’environnement et de l’identité culturelle du pays.
Dans les prochains jours, il sera intéressant d’observer si cette voix, longtemps étouffée, trouvera un écho dans les couloirs du pouvoir. La balle est désormais dans le camp des autorités congolaises. Vont-elles saisir cette opportunité pour écrire une nouvelle page de l’histoire politique de la RDC, plus inclusive et respectueuse de sa diversité ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net