Dans les provinces éducatives Nord-Kivu 1 et 3, une situation alarmante persiste pour les enseignants des territoires de Masisi, Rutshuru et Walikale. Près d’une centaine d’entre eux n’ont pas perçu leurs salaires depuis trois mois, plongeant ces professionnels de l’éducation dans une précarité inquiétante. Comment expliquer un tel retard dans le paiement des salaires, alors que ces enseignants jouent un rôle crucial dans la formation des jeunes générations ?
Selon des sources locales, ces enseignants, auparavant payés via la CARITAS, traversent une période particulièrement difficile. Entre les conflits armés qui ravagent la région et la crise financière qui frappe les zones occupées, leur quotidien est marqué par l’incertitude et les difficultés matérielles. Le 7 avril dernier, ils ont adressé une lettre à la ministre de l’Éducation nationale pour solliciter son intervention urgente dans ce dossier.
« Je porte la voix des enseignants, des parents et des élèves des territoires de Rutshuru, Masisi et Walikale. C’est une voix de détresse », a déclaré Bismarc Kamudigi, l’un des enseignants concernés. « Depuis la fin décembre, donc depuis janvier jusqu’à ce mois d’avril, les enseignants de ces trois territoires, répartis entre deux provinces éducatives, n’ont pas perçu leurs salaires ».
Face à cette situation, le responsable de l’éducation au Nord-Kivu, Jean-Marie Gbaweza, a tenté de rassurer les enseignants. Il a indiqué que le processus de transfert des salaires via Mobile Money était sur le point d’aboutir. Mais cette promesse suffira-t-elle à apaiser les inquiétudes ? Dans une région où l’instabilité est chronique, les enseignants attendent des actes concrets plutôt que des assurances.
Cette crise des salaires met en lumière les défis structurels auxquels fait face le système éducatif en RDC, particulièrement dans les zones en conflit. Alors que le gouvernement promet des réformes pour améliorer les conditions de travail des enseignants, sur le terrain, la réalité reste souvent bien différente. Les établissements scolaires manquent de moyens, les enseignants sont sous-payés ou, comme dans ce cas, ne sont pas payés du tout.
Quelles conséquences cette situation a-t-elle sur les élèves et la qualité de l’enseignement ? Dans un contexte déjà fragile, l’absence de rémunération des enseignants risque d’aggraver encore la crise éducative. Certains pourraient être tentés d’abandonner leur poste, tandis que d’autres continueront à travailler dans des conditions extrêmement précaires. Une question se pose alors : comment assurer un avenir à l’éducation dans ces régions si ceux qui la portent ne sont pas soutenus ?
Alors que les autorités promettent une résolution prochaine du problème, les enseignants du Nord-Kivu attendent des réponses concrètes. Leur lutte pour le respect de leurs droits met en évidence les inégalités persistantes dans le système éducatif congolais. Dans un pays où l’éducation devrait être une priorité, leur voix mérite d’être entendue.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net