La Caisse générale d’épargne du Congo (CADECO) a vivement condamné ce qu’elle qualifie de « prise en otage » de son réseau bancaire par la rébellion du M23 dans le Nord-Kivu. Cette situation inédite dans l’histoire financière de la RDC soulève des questions cruciales sur la sécurité des transactions et la stabilité du système bancaire en zone de conflit.
Selon des sources proches de la direction générale, la réouverture forcée des agences CADECO à Goma constituerait une violation flagrante des lois régissant le secteur bancaire congolais. « Cette manœuvre illégale met en péril non seulement notre institution, mais tout le système financier national », a déclaré un haut responsable sous couvert d’anonymat.
Les analystes économiques interrogés par notre rédaction soulignent les risques majeurs de cette situation : détournement de fonds, blanchiment d’argent, et surtout perte de confiance des déposants. « Quand une banque tombe sous contrôle de groupes armés, c’est toute l’économie formelle qui vacille », explique un expert financier basé à Kinshasa.
La CADECO, dans son communiqué du 5 avril, a rappelé que seules les autorités monétaires légales – en l’occurrence la Banque Centrale du Congo – sont habilitées à superviser les activités bancaires sur l’ensemble du territoire national. La création par le M23 d’une prétendue « Autorité de régulation » représenterait ainsi une menace directe pour la souveraineté économique de la RDC.
Cette crise intervient dans un contexte où les établissements bancaires du Nord-Kivu peinent à fonctionner normalement depuis l’intensification des combats. Plusieurs banques commerciales avaient déjà procédé à l’évacuation de leur personnel et à la sécurisation de leurs actifs. La CADECO affirme avoir pris toutes les dispositions pour protéger les avoirs de ses clients, tout en maintenant ses services à distance.
Les conséquences économiques de cette situation pourraient s’avérer désastreuses pour une région déjà fragilisée par des années de conflit. Le Nord-Kivu, pourtant poumon économique de l’Est congolais, voit son tissu productif se déliter jour après jour. Les transferts d’argent, vitaux pour des milliers de familles, deviennent de plus en plus périlleux.
La communauté internationale, par la voix de plusieurs observateurs, commence à s’émouvoir de cette dérive inédite. Certains parlent déjà de sanctions économiques ciblées contre les responsables de cette « bancarisation forcée ». Reste à savoir si ces mesures suffiront à rétablir l’ordre monétaire dans cette région stratégique.
En attendant, la CADECO maintient sa position ferme : aucun compte ouvert ou transaction effectuée sous la contrainte du M23 ne sera reconnu comme valide. Un avertissement qui sonne comme un ultimatum aux populations tentées d’utiliser ces services bancaires parallèles.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net