Le centre commercial de Luna, autrefois poumon économique entre le Nord-Kivu et l’Ituri, subit une asphyxie progressive. Ce carrefour stratégique, qui drainait jadis des flux commerciaux intenses, voit son activité s’effondrer sous les coups de boutoir de l’insécurité chronique. Les attaques répétées des rebelles ADF ont transformé cette plaque tournante en zone sinistrée, avec des conséquences économiques en cascade pour toute la région.
La route nationale 4 (RN4), artère vitale reliant ces provinces, est devenue un couloir de la mort. Seuls quelques motards téméraires s’y aventurent encore, préférant souvent s’arrêter avant les zones les plus dangereuses. Cette paralysie circulatoire a entraîné un effondrement de 90% des activités commerciales selon les estimations locales, plongeant des milliers de familles dans la précarité.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : là où des centaines de véhicules transitaient quotidiennement, on ne compte plus que quelques motos-taxi. Les boutiques, autrefois débordantes de marchandises en provenance de Kisangani, Bunia ou Beni, ressemblent désormais à des coquilles vides. Même les services étatiques ont dû battre en retraite, à l’exception des forces de sécurité qui maintiennent difficilement un semblant de présence.
Cette désertification économique frappe particulièrement une région considérée comme le grenier agricole du Nord-Kivu. “Quand Luna tousse, c’est toute l’économie régionale qui s’enrhume”, explique un économiste local sous couvert d’anonymat. Les conséquences se mesurent en termes de chômage massif, d’inflation galopante sur les produits de première nécessité et d’exode rural accéléré.
Face à ce désastre, les appels se multiplient pour un sursaut sécuritaire. Les autorités provinciales plaident pour un déploiement renforcé des FARDC et une reprise en main de cet axe stratégique. “Sans sécurité, aucun plan de relance ne peut aboutir”, insiste un notable de la région. La réhabilitation de la RN4 apparaît comme la condition sine qua non pour redonner souffle à cette zone économiquement vitale.
En attendant, Luna continue de se vider de sa substance. Les quelques habitants restants survivent grâce à une économie de subsistance, loin de la frénésie commerciale d’antan. Ce déclin illustre cruellement comment l’insécurité peut anéantir en quelques années des décennies de développement économique. La résurrection de ce carrefour commercial passera nécessairement par une sécurisation durable et des investissements massifs dans les infrastructures routières.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
