La République Démocratique du Congo se trouve à nouveau au cœur d’un débat stratégique qui pourrait redéfinir les équilibres géopolitiques et économiques de la région. L’éventualité d’un accord entre Kinshasa et Washington, échangeant l’exploitation des ressources minérales stratégiques contre une aide sécuritaire, soulève des questions fondamentales sur la souveraineté nationale et les modèles de développement.
Dans l’Est du pays, où l’agression attribuée au Rwanda via la rébellion du M23 persiste, cette approche est perçue par certains comme une solution rapide. Pourtant, comme le souligne Delly Sesanga, député national honoraire et président du parti Envol, « la sécurité du Congo passe par une armée réformée, crédible et capable de défendre le territoire ». Une déclaration qui met en lumière les tensions entre solutions immédiates et réformes structurelles.
Les interrogations de Sesanga sur la transparence des négociations résonnent comme un avertissement : « Quels sont les engagements pris ? Quels gisements sont concernés ? Ont-ils été certifiés ? ». Ces questions, cruciales pour l’avenir économique de la RDC, rappellent les erreurs passées, notamment le contrat chinois signé sous Joseph Kabila, toujours cité en exemple des accords déséquilibrés.
Le président Tshisekedi, quant à lui, se défend de toute volonté de « brader les minerais », promettant un partenariat équilibré favorisant la transformation locale. Une promesse qui, si elle se concrétise, pourrait marquer un tournant dans la gestion des ressources naturelles du pays. Mais comme le soulignent les analystes politiques, le diable se cache souvent dans les détails de tels accords.
La position américaine, confirmée par le Département d’État, ouvre la porte à une coopération stratégique. Cependant, l’histoire récente de la RDC montre que les solutions extérieures, qu’elles viennent des Kényans, des mercenaires ou des Wazalendo, n’ont pas apporté de paix durable. Comme le conclut Sesanga : « La paix ne se décrète pas. Elle se construit avec une vision claire, du courage et de la rigueur ».
Alors que les négociations se poursuivent, la société civile et les acteurs politiques congolais restent vigilants. L’enjeu dépasse la simple question sécuritaire : c’est le modèle économique même du pays qui est en discussion. Entre exploitation brute des ressources et transformation locale, entre dépendance extérieure et souveraineté nationale, la RDC se trouve à un carrefour décisif de son histoire.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd