Goma, jadis une ville animée par son dynamisme économique et son élan dans les secteurs de l’immobilier et de l’hôtellerie, traverse l’une de ses périodes les plus sombres. Depuis l’occupation de la ville en janvier dernier par la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda, une crise économique dévastatrice s’est abattue sur tous les domaines d’activité. Quel est l’impact réel de cette situation sur les habitants de cette cité située dans l’est de la République démocratique du Congo ?
Des hôtels vides et des restaurants en chute libre
À Goma, les hôtels, autrefois prisés par les visiteurs, les missionnaires et les touristes, peinent désormais à survivre. « Les recettes ont baissé drastiquement, atteignant une réduction de 40 à 50 %. Les visiteurs ne viennent plus », déplore le responsable d’un grand hôtel, qui a souhaité garder l’anonymat. Résultat : ce dernier a été contraint de procéder à une réduction du personnel pour couvrir les besoins minimaux de l’établissement.
Les restaurants n’échappent pas non plus à cette spirale. Le centre-ville, réputé pour ses établissements variés et attractifs, est durement affecté. Dans un grand restaurant, connu pour son menu diversifié, la responsable n’accueille plus que 10 à 20 % de ses clients habituels. Une baisse vertigineuse qui s’est traduite par une chute de 75 à 80 % des revenus. Ne disposant plus des fonds pour maintenir ses activités, elle a dû mettre en congé technique 15 employés sur 20, ne conservant qu’une équipe réduite de proches pour tenter de maintenir ses opérations à flot.
Des licenciements en chaîne alimentent la précarité
Les répercussions de la crise s’étendent jusqu’au secteur humanitaire, pourtant vital dans cette région touchée par l’insécurité chronique. Une ONG internationale a licencié en février dernier une centaine d’employés, impactant directement des centaines de familles. “Sans circulation d’argent et avec des institutions financières en pause, les ménages ne peuvent plus joindre les deux bouts”, confie Virginie Masika, une ancienne employée de restaurant ayant quitté son poste il y a deux semaines, faute de salaire.
La fermeture de l’aéroport et de nombreuses banques a achevé de paralyser l’économie locale. Goma, qui était un trait d’union commercial, se transforme en une ville où les opportunités font place à l’abandon. Combien de temps faudra-t-il pour inverser cette trajectoire de désespoir économique ?
Aujourd’hui, la rébellion ne menace pas seulement la sécurité, mais aussi l’avenir économique et social de l’une des villes les plus stratégiques de l’est du pays. Entre les abandons forcés d’emplois et l’incapacité des commerçants à maintenir leurs activités, cette crise appelle à une réponse urgente.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
