Depuis deux semaines, les habitants de Bunia, au cœur de l’Ituri, font face à une pénurie inquiétante de produits de première nécessité. Haricots, huile végétale, pommes de terre ou encore tomates : ces denrées sont devenues précieuses voire introuvables. Mais que se cache-t-il derrière cette flambée des prix ? Retour sur une crise qui touche de plein fouet l’économie locale et la vie quotidienne.
Les premières alertes de cette crise remontent aux récents affrontements sur la route nationale numéro 27, dans la région de Fataki. Ce tronçon stratégique est le point de départ du haricot qui alimente Bunia. Depuis que les miliciens de la CODECO/URDPC s’opposent à l’armée ougandaise UPDF dans cette région sensible, le trafic entre Bunia et Fataki est presque paralysé. En conséquence, l’approvisionnement de la ville est gravement limité.
Le marché central de Bunia, autrefois animé par des dizaines de vendeurs de haricots, offre aujourd’hui un tout autre visage. Des étals vides, des dépôts fermés et des commerçants désemparés témoignent de l’ampleur de la pénurie. “Avec cette insécurité, nos fournisseurs ne viennent plus. Les stocks s’épuisent et nous ne savons pas comment tenir”, déclare Elisabeth Birungi, une vendeuse de haricots désespérée. Cette raréfaction a des conséquences directes sur les prix : un seau de haricot, vendu à 25 000 francs congolais il y a quelques semaines, coûte désormais entre 35 000 et 40 000 francs, soit une augmentation de 60 %.
La crise ne se limite pas seulement aux haricots. La pomme de terre et la tomate, tout aussi essentielles à l’équilibre alimentaire des habitants, connaissent une situation similaire. Les prix grimpent, creusant un fossé entre les classes sociales. À cela s’ajoutent les produits importés comme l’huile végétale. En seulement quelques semaines, son coût est passé de 27 dollars américains à 31 dollars pour un bidon de 20 litres. Cette inflation galopante pèse lourdement sur les ménages déjà affaiblis par un climat économique fragile.
Cette situation soulève des questions cruciales : quel avenir pour Bunia si les affrontements persistent ? Les autorités provinciales et nationales doivent-elles intervenir pour sécuriser la route nationale et restaurer le commerce vital pour la région ? Les appels à l’aide des commerçants comme Elisabeth Birungi résonnent dans le vide pour l’instant, mais le temps presse, car chaque jour alourdit le fardeau des familles locales.
Au-delà de l’impact économique et social immédiat, cette crise rappelle l’interdépendance entre sécurité et commerce en Ituri. Cette région, riche en ressources mais en proie à des conflits incessants, expose les fragilités d’un territoire qui peine à retrouver la stabilité. Alors que le quotidien est marqué par l’incertitude, les habitants de Bunia espèrent une issue rapide à cette crise, avant que la situation ne devienne insoutenable.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net