L’art performatif à Kinshasa, reflet d’une société en plein questionnement, est au cœur d’une conversation précieuse livrée par le professeur Charles Ntumba. Fort d’une expérience de plus de deux décennies qui l’ont conduit des scènes de l’Institut Français à l’Académie des beaux-arts, et des rues effervescentes de Kinshasa jusqu’à l’Europe, le professeur Ntumba revient sur les défis et perspectives de cet art méconnu.
Malgré son riche potentiel, l’art performatif en RDC fait face à des défis de taille. Comme tant d’autres secteurs culturels et créatifs, ce domaine reste sous-financé. Les politiques culturelles en place, empreintes d’inertie et souvent détachées de la réalité du terrain, peinent à offrir un cadre propice à l’épanouissement de cet art. “Le marché de l’art tend actuellement à s’orienter davantage vers une économie basée sur la gestion de projets”, déplore Charles Ntumba. Une orientation qui limite les possibilités d’expression et de financement indépendant pour de nombreux artistes.
Ce n’est pas tout. L’art, en tant que reflet de la société, devrait aborder les préoccupations spécifiques de son époque. Ici, le professeur Ntumba exhorte les artistes congolais à se pencher sur des sujets souvent oubliés, mais cruciaux, tels que les difficultés des personnes vivant avec un handicap ou les conséquences de décennies de conflits armés à l’Est du pays. Une approche, selon lui, qui permettrait à l’art congolais de s’ancrer davantage dans la réalité sociale et de jouer un rôle cathartique et éducatif.
Mais en examinant la question sous un autre angle, le professeur soulève un autre problème majeur : l’actualisation des connaissances, en particulier dans les milieux académiques où la stagnation des enseignants freine l’évolution de l’art contemporain. “Les bases doivent être revues, reformulées et adaptées aux exigences contemporaines”, affirme-t-il dans un entretien mené par Kuzamba Mbuangu.
L’art performatif à Kinshasa apparaît donc comme un espace de confrontation entre un immense potentiel créatif et des contraintes structurelles. Néanmoins, les propos du professeur Ntumba apportent une lueur d’espoir et rappellent l’importance de repenser les priorités culturelles pour faire émerger une scène artistique congolaise plus robuste et résiliente.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd