Le lac Tanganyika, pierre angulaire des échanges commerciaux dans la région des Grands Lacs, connaît actuellement une perturbation majeure avec l’arrêt temporaire du MV Amani. Cette embarcation, la plus grande naviguant sur ce lac, est immobilisée depuis deux semaines à Kigoma, en Tanzanie, pour des travaux d’entretien et de réparation techniques, selon l’annonce de la société Carrière du Congo du jeudi 13 mars.
Le MV Amani, véritable titan des mers intérieures avec sa capacité d’emport de plus de 2 000 tonnes, constitue un maillon essentiel dans la chaîne logistique reliant la Tanzanie et le Burundi à la ville de Kalemie, dans la province du Tanganyika. À lui seul, il assure une part significative de l’approvisionnement du marché de Kalemie, notamment en produits de première nécessité et en marchandises diverses.
Cependant, cette immobilisation ne se limite pas à une simple opération de maintenance. Une note circulaire émise par Carrière du Congo mentionne qu’un incident survenu avec le bateau GLC est à l’origine des travaux actuels. Cet événement met en lumière les défis auxquels sont confrontés les navigateurs sur le lac, dans une région marquée par des tensions géopolitiques et sécuritaires.
Jules Mulya, président provincial de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dans la province du Tanganyika, a exprimé son inquiétude quant aux répercussions économiques de cet arrêt temporaire. Il souligne également que le trafic sur le lac Tanganyika est en nette diminution en raison d’une conjoncture difficile : la guerre qui ravage les provinces du Nord et du Sud-Kivu, ainsi que la fermeture de la frontière avec le Burundi en raison de l’insécurité persistante.
Ce ralentissement du commerce fluvial est une mauvaise nouvelle pour les acteurs économiques de la région, déjà éprouvés par des difficultés logistiques renforcées par des incidents et tensions géopolitiques. En proie à une instabilité chronique, les routes commerciales alternatives ne suffisent pas à absorber le choc causé par l’arrêt d’une capacité de transport aussi importante que celle du MV Amani.
Cette situation soulève des questions cruciales : comment sécuriser durablement ces voies de navigation vitales pour l’économie congolaise et régionale ? Et surtout, combien de temps Kalemie et ses opérateurs économiques pourront-ils tenir face à cette rupture momentanée des approvisionnements ? En attendant, le temps presse pour la remise en service du MV Amani, indispensable au redémarrage du commerce et à la vitalité économique sur le lac Tanganyika.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net