Kinshasa a été l’épicentre d’un débat inédit ce 24 janvier sous l’égide de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (WILPF-RDC). L’organisation a tenu une matinée éducative, axée sur les dynamiques communicationnelles autour du concept de « masculinité militarisée ». Si cette terminologie reste peu familière dans la République Démocratique du Congo, elle n’en devient pas moins pertinente au regard des questions liées au genre et à la société.
La « masculinité militarisée », comme l’a précisé Lisette Mavungu, présidente de WILPF-RDC, met en lumière des normes masculines héritées des constructions sociales qui privilégient la domination, la violence et le contrôle. Contrairement aux idées reçues, ce concept ne vise pas exclusivement les hommes en uniforme, mais s’adresse également à des comportements ancrés dans la sphère civile. Cela dit, sa compréhension demeure un défi, freiné par des résistances culturelles et institutionnelles.
Ce projet, initié dès 2021, entre aujourd’hui dans sa deuxième phase, focalisée uniquement sur Kinshasa après des investigations menées auparavant aussi en Ituri et dans le Nord-Kivu. Selon Annie Matundu, ancienne présidente de WILPF et experte en genre, des barrières d’interprétation ont émergé lorsque la phase inaugurale a vu les gens associer instinctivement le terme « militarisé » à une critique des forces armées. Cette confusion révèle l’effort considérable encore nécessaire pour déconstruire les imaginaires collectifs.
Alors, pourquoi tant de crispations face à cette notion bien spécifique ? Peut-être parce que d’autres catégories comme « masculinité positive » ou « masculinité toxique » sont déjà observées comme des enjeux contemporains plus faciles à assimiler. Les définitions citées pendant cette restitution – allant de la masculinité négative à celle hégémonique – aident à positionner la militance idéologique au cœur du combat pour une société égalitaire. Décrypter ces illustrations linguistiques serait-il la clef pour tordre le cou au patriarcat ?
Malgré les défis rencontrés, notamment un engagement timide des autorités et l’absence remarquée de plusieurs participants majeurs, les retours sont prometteurs. Pathy Silawa, consultant et intervenant lors de l’évènement, a plaidé pour l’adoption d’exemples réels et positifs dans la communication, afin d’instaurer un dialogue plus productif autour du sujet. Sa recommandation résonne fortement avec l’encouragement exprimé par une représentante du ministère du Genre, bien que la mobilisation collective reste à intensifier.
Par-delà le scepticisme, cette initiative marque une étape cruciale dans la redéfinition des relations hommes-femmes non seulement en RDC, mais aussi dans des contextes où le changement des mentalités demeure pressant. Tandis que Kinshasa clôture cette matinée avec des échanges animés, la question reste ouverte : quel avenir pour ce concept si éloigné des pratiques et perceptions locales ? Un chemin à creuser pour un Congo plus inclusif et résilient.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
