Avec l’investiture de Donald Trump comme 47ᵉ président des États-Unis, les regards se tournent vers sa politique étrangère et particulièrement ses relations avec l’Afrique. Ce regain d’intérêt s’accompagne d’une interrogation: qu’adviendra-t-il des relations entre les États-Unis et le continent africain ? Lors de son précédent mandat, Donald Trump s’était distingué par une approche transactionnelle et une relative indifférence au continent africain, bien loin de la coopération multilatérale prônée par ses prédécesseurs.
Dès ses premières heures à la Maison-Blanche, Donald Trump a signé un décret présidentiel qui redéfinit les priorités de l’aide américaine à l’étranger. Conformément à ses promesses, cette aide devra désormais répondre strictement aux trois critères définis par son secrétaire d’État, Marco Rubio : sécurité, force et prospérité de l’Amérique. Ce tournant pourrait signifier une réduction drastique de l’assistance aux pays africains, au profit d’accords bilatéraux plus calculés.
L’avenir de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), accord commercial permettant à 32 pays d’Afrique sub-saharienne d’accéder au marché américain sans taxes douanières, est lui aussi incertain. Adopté en 2000 et renouvelé en 2015, l’Agoa arrive à échéance en septembre 2025. Donald Trump pourrait soit y mettre fin, soit l’utiliser comme un levier de pression pour imposer un tarif douanier universel, un projet déjà critiqué pour son potentiel inflationniste.
Cependant, cette approche de sélectivité pourrait s’accompagner d’un renforcement de partenariats bilatéraux stratégiques. L’administration Trump avait déjà lancé des initiatives telles que « Prosper Africa » et « Development Finance Corporation » pour contrer l’influence croissante de la Chine et de la Russie sur le continent. Avec une Afrique riche en ressources critiques nécessaires à la transition énergétique et numérique, certains pays, comme la RD Congo, pourraient voir ces partenariats comme une opportunité.
Mais ces opportunités s’accompagnent de défis. Le bilan de Trump lors de son premier mandat inclut la suspension de certains pays de l’Agoa, comme le Rwanda et le Cameroun, pour des raisons allant des droits humains aux restrictions commerciales. De plus, des pays comme l’Afrique du Sud pourraient faire face à des tensions accrues en raison de leurs positions géopolitiques.
Enfin, la rhétorique trumpiste résonne différemment à travers le continent. Alors que ses politiques migratoires et ses commentaires insultants envers l’Afrique ont suscité l’indignation, certains régimes autoritaires trouvent un écho dans son discours souverainiste. La promesse de lever certaines sanctions économiques, notamment dans les pays accusés de financer la Russie, pourrait également susciter un certain attrait.
En somme, bien que Donald Trump semble vouloir opérer un tournant radical en termes de politique étrangère, une continuité déconcertante se dessine. La question demeure : cette politique transactionnelle permettra-t-elle de revitaliser des relations États-Unis-Afrique en perte de vitesse ou marquera-t-elle simplement une stagnation de plus dans cette dynamique déjà fragile ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
