L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) monte au créneau contre les priorités économiques du gouvernement Suminwa. Le récent communiqué publié le 16 janvier 2025 par cette organisation de la société civile critique fortement l’option prise par l’exécutif congolais de privilégier le projet de pont route-rails reliant Kinshasa à Brazzaville. Une décision perçue comme une menace directe à la souveraineté économique de la République démocratique du Congo. Mais pourquoi ce choix suscite-t-il tant de remous?
L’ACAJ condamne notamment l’abandon apparent du projet du port en eaux profondes de Banana, une infrastructure essentielle située dans la province du Kongo-Central. Ce port, souvent décrit comme stratégique pour garantir un accès direct de la RDC à l’océan Atlantique, devait être accompagné d’infrastructures clés telles qu’un chemin de fer et une autoroute reliant l’arrière-pays à la côte. Aux yeux de l’ACAJ, ce projet ambitieux constitue une garantie de souveraineté économique et maritime pour le pays, contrastant avec le pont Kinshasa-Brazzaville perçu comme renforçant la dépendance de la RDC vis-à-vis des ports étrangers, dont ceux de Pointe-Noire (Congo) et Lobito (Angola).
Le discours critique de l’association s’appuie également sur une promesse présidentielle non tenue. En effet, l’ACAJ rappelle que le Chef de l’État s’était engagé à ne pas lancer les travaux du pont route-rails avant l’achèvement du port de Banana. Ce retard accumulé, selon l’organisation, réduit les marges de manœuvre de la RDC dans son commerce extérieur et, plus inquiétant, compromet sa capacité à réduire sa dépendance aux infrastructures portuaires des pays voisins.
Sur le plan géostratégique, l’ACAJ se veut encore plus alarmiste. L’abandon ou le report du port de Banana est qualifié de « suicidaire » pour l’économie congolaise, car il priverait le pays d’un accès souverain au commerce maritime. Dans le même temps, l’association soulève des doutes quant à l’accord signé récemment entre la RDC, l’Angola et la Zambie pour le corridor de Lobito. Si cet accord peut s’inscrire dans une dynamique régionale louable, pour l’ACAJ, cela ne saurait détourner l’attention de l’urgence nationale que constitue la finalisation du port de Banana.
Pour conclure, l’ACAJ appelle à une mobilisation nationale. L’organisation demande à l’Assemblée nationale et au Sénat de bloquer toute décision relative à la construction du pont route-rails tant que le port de Banana n’aura pas vu le jour. La balle semble désormais dans le camp des institutions parlementaires pour sauver ce qu’elle décrit comme une pierre angulaire de la souveraineté économique de la RDC.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net