Les controverses entourant le vote électronique continuent de hanter les processus électoraux en République démocratique du Congo (RDC). Introduit sous le nom de dispositif électronique de vote (DEV) et espéré comme une solution moderne capable de réduire les coûts et d’améliorer la logistique électorale, ce système semble avoir aggravé un certain nombre de problèmes, selon une récente analyse de l’organisation Ebuteli.
Dans son dernier rapport intitulé « Vote électronique en RDC : comment éviter l’échec des prochaines élections ? », Ebuteli met en lumière les failles d’un système censé renforcer la crédibilité des scrutins en RDC. Bien que cette technologie ait été utilisée lors des élections de 2018 et de 2023, elle a soulevé des défis majeurs pour l’administration électorale. Parmi ces défis, des pannes techniques ayant empêché près de 12 000 bureaux de vote de fonctionner en 2023 se placent en tête de liste. Par conséquent, des millions d’électeurs ont été privés de leur droit de vote, détériorant davantage la confiance du public dans ce dispositif.
L’absence d’audits externes indépendants pour contrôler le bon fonctionnement des DEV a également mis en lumière un manque criant de transparence. La non-publication de la cartographie électorale et l’opacité dans la transmission des résultats ont alimenté des soupçons de manipulation, évoquant des bureaux de vote « fantômes » et des DEV « nomades ». Ebuteli souligne également que la formation inadéquate des agents électoraux a gravement compromis leur capacité à gérer efficacement ces dispositifs complexes.
Malgré leur ambition initiale d’améliorer la fiabilité du processus électoral, les DEV ont échoué à réduire les contestations des résultats, tant au niveau national qu’au niveau continental. Face à ce constat préoccupant, Ebuteli propose plusieurs solutions, dont l’adaptation de la loi électorale afin d’encadrer efficacement l’usage des DEV. L’organisation recommande également de rendre obligatoire une publication exhaustive et traçable des résultats, bureau de vote par bureau de vote, dès l’annonce des résultats provisoires. Cette transparence, combinée à un cadre légal strict, pourrait selon Ebuteli, redonner à la RDC une chance de restaurer la confiance dans ses élections.
Alors que les élections futures se profilent à l’horizon, la question demeure : la RDC peut-elle enfin surmonter les obstacles techniques et organisationnels pour organiser des scrutins crédibles et acceptés par tous ? Les propositions d’Ebuteli pourraient bien ouvrir une voie vers des réformes profondes, mais le temps presse pour que la République démocratique du Congo tourne enfin la page des contestations électorales incessantes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net