Dans le camp de déplacés de Bulengo, situé à proximité de Goma dans l’est de la République Démocratique du Congo, une initiative locale menée par Anna Rafiki Maombi apporte une lueur d’espoir face aux défis de l’environnement et aux conditions précaires des populations. Cofondatrice de l’Association pour le Développement Durable des Personnes Handicapées et des Environnements Ruraux (ADDIPERHA), cette entrepreneure engagée a mis en place un projet innovant : la fabrication de briquets écologiques issus de déchets organiques. Une réponse audacieuse et durable pour faire face à la déforestation et offrir des opportunités économiques à des communautés en grande détresse.

Dans une interview accordée au DeskFemme, Anna Rafiki revient sur son parcours et sur les motivations qui l’ont poussée à agir dans un contexte où les enjeux environnementaux et sociaux sont étroitement liés. Observant la déforestation galopante autour des camps, elle explique que son projet vise à combattre cette problématique tout en autonomisant les femmes et les jeunes à travers la formation à des pratiques respectueuses de l’environnement. « J’ai voulu proposer une solution qui aide à la fois la communauté et l’écosystème », explique-t-elle.

Le choix du camp de Bulengo n’est pas anodin. Ce lieu abrite une population particulièrement vulnérable, affectée par les conflits armés et le manque de ressources. À travers son initiative, Anna Rafiki souhaite offrir à ces habitants une source de revenus tout en éduquant sur les bonnes pratiques environnementales. « Nous avons mis en place des programmes de formation des formateurs pour permettre une implication communautaire et une transmission rapide des compétences », souligne-t-elle. Jusqu’à présent, plus de 70 % des membres de la communauté ont adopté les briquets écologiques, devenant eux-mêmes des ambassadeurs de cette innovation.

Ce projet ne va pas sans défis. Les problèmes de logistique, notamment le transport vers les camps et l’approvisionnement en matériels, freinent la progression du projet. L’accès limité aux marchés extérieurs est également une barrière, amplifiée par l’incapacité d’augmenter la production faute de ressources financières. Toutefois, Anna Rafiki ne baisse pas les bras. Elle mise sur le développement de partenariats solides et l’acquisition de machines industrielles pour pérenniser et étendre son activité.

À l’avenir, l’entrepreneure prévoit de diversifier ses activités en introduisant des pratiques telles que l’agriculture durable dans les camps de déplacés. Elle espère ainsi renforcer la sécurité alimentaire et élargir l’impact social et environnemental de ses initiatives. « Chacun peut faire la différence, même dans un contexte difficile. L’entrepreneuriat est une voie vers l’autonomisation », conclut-elle, envoyant un message d’encouragement aux femmes et aux jeunes filles intéressées par cette voie.

Cette initiative ambitieuse, bien qu’encore en phase de consolidation, représente un signal fort des changements positifs pouvant émerger au cœur de contextes précaires. Entre crise et opportunité, elle illustre la résilience et l’innovation dont font preuve certaines communautés en République Démocratique du Congo pour répondre aux défis partagés par le monde entier.

Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd