À Kisangani, dans la province de la Tshopo, le silence pesant autour d’une situation critique dans le secteur éducatif a été brisé par les récentes annonces de l’abbé Ferdinand Batubu, directeur de la Caritas diocésaine/Kisangani. Lors d’un point de presse tenu ce mardi 14 janvier, il a dénoncé la décision du Gouvernement de retirer pas moins de 570 écoles, représentant 4 741 enseignants, de la liste des établissements habituellement financés via la Caritas. Une situation préoccupante qui alarme tout le secteur de l’éducation.
Selon l’abbé Batubu, cette situation découle d’un manquement grave au protocole d’accord signé en novembre 2011 entre le Gouvernement congolais et l’Église catholique. Ce document prévoyait le paiement des salaires des enseignants par l’intermédiaire de l’Institution financière pour les œuvres de développement (IFOD). Tout semblait fonctionner normalement jusqu’à la fin de l’année 2023 avant que des retards dans le versement des frais bancaires ne commencent à perturber le système dès janvier 2024. Ces retards se sont accumulés pour atteindre la somme alarmante de plus de 21 milliards de francs congolais, soit environ 7,4 millions de dollars américains.
Ces dysfonctionnements financiers n’ont pas tardé à provoquer des répercussions. Les enseignants, se sentant abandonnés, ont initié des manifestations contre la Caritas, bien qu’elle ne soit qu’une agence d’exécution. Cependant, ce qui ajoute à l’indignation, selon l’abbé Batubu, c’est l’attitude du Gouvernement, qui au lieu de résoudre les problèmes existants, a choisi de supprimer la liste de paie des enseignants dans certaines écoles sans fournir d’explications ou informer la Caritas à l’avance.
« Nous ne faisons pas que dénoncer », a déclaré l’abbé Ferdinand Batubu, « nous entreprenons également des démarches pour que ces écoles soient réintégrées, car il est inconcevable de retirer ces établissements sans fondement ni justification. »
Les retombées de cette crise vont bien au-delà du simple problème de paie. Elles touchent directement les élèves, leurs familles, et posent une question fondamentale sur l’engagement du gouvernement envers le droit à l’éducation, inscrit dans la Constitution congolaise. En décidant de priver ces enseignants de leur source de revenus, l’État a non seulement perturbé la vie de milliers de travailleurs mais aussi laissé dans l’incertitude l’éducation des enfants dans ces écoles retirées.
Cette situation, qui s’inscrit dans un contexte éducatif déjà fragile en République démocratique du Congo, souligne une fois de plus l’urgence de repenser la gestion des fonds publics destinés à ce secteur. Pendant que l’attention se concentre sur cette affaire, de nombreuses voix s’élèvent pour demander au Gouvernement de s’acquitter de ses obligations et de rétablir la confiance entre les institutions.
L’avenir de ces 570 écoles et de leurs enseignants reste incertain, mais une chose est sûre : l’éducation en RDC ne saurait continuer à vaciller sous le poids de telles négligences. Alors que les revendications se multiplient, on ne peut s’empêcher de se demander : quel est l’avenir pour ces enfants privés d’un apprentissage stable ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net