La province du Kasaï Oriental, riche en ressources naturelles mais souvent victime de leur mauvaise gestion, se retrouve à nouveau sous les projecteurs. Dans une lettre ouverte adressée au gouverneur de la province, la société civile de Miabi lance un cri d’alarme : la société Anhui d’investissement minier (SACIM), acteur crucial dans l’exploitation de diamant, traverse une crise sans précédent. Les salariés, non rémunérés depuis 10 mois, voient leur quotidien se dégrader alors même que des solutions semblent possible.
Au cœur du problème, une décision ministérielle prise en 2022 par le ministre des Mines. L’arrêté n°0049/CAB.MIN/MINES/01/2022 du 22 février encadre strictement la vente de diamants, réservant cette activité à une équipe restreinte. Si cette mesure visait initialement à organiser le secteur, elle s’avère aujourd’hui être un obstacle majeur au fonctionnement de la SACIM. « Ce système de commercialisation limite gravement la capacité de l’entreprise à rester opérationnelle », explique Placide Lufuluabo, président de la société civile de Miabi.
Les retombées de cette situation ne se limitent pas aux agents de la SACIM. L’incapacité de la société à verser 0,3% de son chiffre d’affaires à l’organisme DOT SACIM pour les projets communautaires freine considérablement les initiatives locales. De plus, les fonds de redevance minière, qui profitent aux entités territoriales décentralisées, deviennent irréguliers. Les répercussions sont ainsi multiples : économiques, sociales et politiques.
Face à ce tableau sombre, la société civile de Miabi plaide pour une solution immédiate. Sa demande est claire : l’annulation de l’arrêté ministériel de 2022, afin de permettre une libéralisation de la vente des diamants. L’objectif étant de donner à la SACIM la possibilité de fonctionner de manière optimale, de rattraper le retard de paiement des employés et de renouer avec ses engagements communautaires et territoriaux.
Cette crise soulève des questions fondamentales. Comment concilier législation et développement économique pour éviter ces écueils ? Cette situation dans le Kasaï Oriental n’est-elle pas un exemple parmi d’autres d’un problème de gestion plus structurel des ressources minières en RDC ? Alors que l’économie de la République Démocratique du Congo dépend en grande partie de son sous-sol, les défis organisationnels ne cessent de freiner son potentiel. L’appel venant du Kasaï Oriental doit alerter les autorités nationales pour repenser les politiques minières dans l’intérêt du développement durable et de la justice sociale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd