Florimond Muteba, président du conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), a interpellé le président de la République, Félix Tshisekedi, à travers une correspondance datée du jeudi 9 janvier 2025. Dans son message, Florimond Muteba invite le chef de l’État à rétablir la patrouille financière, un dispositif clé mis en place par l’Inspection générale des finances (IGF) pour prévenir les détournements des deniers publics et mieux contrôler en amont l’exécution des dépenses publiques.
Ce mécanisme, selon le PCA de l’ODEP, a été suspendu peu avant les élections présidentielle, législatives et provinciales du 20 décembre 2023. Il pointe du doigt la participation de nombreux mandataires publics à ces joutes électorales comme une des causes principales de cette interruption. Dans sa lettre, Florimond Muteba insiste sur l’urgence de réactiver la patrouille financière, la qualifiant de « mode de contrôle salutaire » dans un contexte où la justice semble incapable de lutter efficacement contre la corruption institutionnelle.
Ainsi, il souligne son impact tangible sur les finances publiques : « Ce dispositif avait contribué à prévenir la corruption et à augmenter significativement les recettes publiques, passant de 4 milliards de dollars sous Joseph Kabila à 9,6 milliards en 2023. » Cependant, le PCA regrette que le président Tshisekedi ait opté pour sa suppression, une décision qui, selon lui, favorise « les agissements des nombreux prédateurs économiques ».
Cette demande de l’ODEP intervient dans un climat chargé de tensions. Le 6 janvier dernier, Florimond Muteba avait annoncé le retrait de l’ODEP du partenariat entre la Société civile et l’IGF, citant la suspension de la patrouille financière comme une des raisons majeures. Une déclaration vivement contestée par l’IGF, qui a démenti toute suppression du dispositif, affirmant plutôt une suspension temporaire pour évaluer son efficacité pédagogique. L’IGF a d’ailleurs rappelé que la chaîne de la dépense publique reste sous contrôle à travers la patrouille financière et que celle-ci est toujours opérationnelle dans des entités spécifiques telles que le Foner et le FPI.
Cette polémique met en lumière des divergences profondes entre les acteurs de la société civile et certains organes de contrôle du pouvoir. Si l’objectif commun reste la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance, les moyens pour y parvenir divergent, alimentant ainsi une crise de confiance au sein des institutions. Alors que l’IGF soutient une évaluation plus ciblée, l’ODEP estime qu’un rétablissement total de la patrouille financière est nécessaire pour répondre aux défis économiques et politiques actuels de la RDC.
La patrouille financière, en tant qu’outil de transparence, est-elle menacée par des intérêts politiques ? La question demeure ouverte, mais cet échange rythmé par des accusations et des justifications souligne à quel point les enjeux de gouvernance continuent de diviser dans un pays en quête de stabilité et d’efficacité administrative.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd