Le ministre du Travail et de l’Emploi de la République Démocratique du Congo (RDC), Ephraïm Akwakwa Nametu, a annoncé une mesure emblématique qui pourrait transformer les conditions de travail dans le pays. Le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) passe désormais à 14 500 francs congolais par jour pour les travailleurs manœuvres. Ce changement, effectif à partir de février 2025, met fin à une longue stagnation de six ans et marque un progrès significatif dans la quête d’une meilleure qualité de vie pour les travailleurs congolais.
Cette révision est le fruit d’un dialogue social intense tenu en octobre entre gouvernement, organisations syndicales et patronales. « L’inspection générale du travail veillera à son respect », a souligné M. Akwakwa, insistant sur la fermeté avec laquelle cette réforme sera appliquée. Face aux défis d’une économie toujours en mutation, cette nouvelle mesure intervient à point nommé pour calmer des tensions sociales croissantes liées à l’inflation et à l’augmentation du coût de la vie.
Depuis 2018, le SMIG était fixé à 7 075 francs congolais, un montant qui équivalait à peine à 5 dollars par jour. Ce chiffre dérisoire, comparé aux standards africains, rendait difficile la subsistance des travailleurs. Les 14 500 francs congolais adoptés récemment représentent une quasi-doublure, mais ils laissent néanmoins la RDC loin derrière d’autres nations du continent. À titre comparatif, le Maroc propose un salaire minimum d’environ 273 euros par mois, tandis que des pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire oscillent entre 91 et 114 euros.
Bien que cette réforme porte un vent d’espoir, elle n’est pas exempte de limites. Le secteur informel, qui constitue une large part de l’économie congolaise, pourrait ne pas facilement s’y conformer. Par ailleurs, la capacité des inspections du travail à assurer un suivi rigoureux sera cruciale. Il existe aussi une clause d’augmentation annuelle de 3 % pour les employés cumulant une ancienneté continue dans une même entreprise. Ce mécanisme vise à encourager stabilité et fidélité dans le secteur formel.
Avec une population composée majoritairement de jeunes de moins de 18 ans, la RDC fait face à une pression démographique unique, doublée d’une opportunité structurelle. Des mesures comme la révision du SMIG sont autant de signaux positifs, mais elles ne suffisent pas à résoudre un sous-développement économique historique. La RDC est-elle réellement prête à harmoniser son marché du travail avec des standards plus proches de ceux de ses voisins ?
Cette révision du SMIG constitue un pas en avant nécessaire, mais le chemin reste long pour améliorer les conditions de vie en RDC et positionner le pays comme un véritable acteur économique régional.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd