À Bandundu-ville, dans le quartier Malebo, c’est une Noël teintée de tristesse et de désolation pour les déplacés de Kwamouth. Loin des festivités scintillantes et des rires joyeux, ces familles déplacées par le conflit partagent toutes un même constat : un Noël marqué par le manque, aussi bien matériel qu’émotionnel. « Pour la fête de Noël, nous sommes en difficulté. Nous manquons la nourriture, nous n’avons rien. Nos enfants sont malheureux. Ils n’ont même pas de vêtements pour se réjouir en ce jour si spécial », confie un père déplacé, le visage empreint de douleur.
Les répercussions du conflit de Kwamouth se manifestent ici de manière poignante. Les déplacés, rescapés d’une guerre qui les a poussés hors de leurs foyers, vivent dans une précarité troublante. Privés de l’essentiel – nourriture, vêtements et même, pour beaucoup, d’un véritable toit – ils traversent ces fêtes de fin d’année sans le moindre espoir de légèreté. Une désolation particulièrement insoutenable lorsqu’il s’agit des enfants, dont l’innocence est mise à rude épreuve dans ces conditions. « Papa, qu’est-ce que nous allons manger ? Papa, comment allons-nous fêter ? », rapportent les pères, la gorge nouée face aux interrogations répétées de leurs propres enfants.
Parmi ceux qui partagent cet exil forcé, Bienvenu Kasiama, un père également déplacé, résume la situation d’un ton amer : « Nous n’allons pas fêter. C’est une douleur insoutenable. Les enfants des autres arborent de nouveaux vêtements, des modèles fraîchement achetés, pendant que les nôtres subsistent dans le dénuement complet. Nous sommes accablés par cette cruelle différence, incapable de répondre à leurs simples questions. »
Sous le soleil incertain de Noël, le site des déplacés résonne davantage d’un silence lourd que des chants joyeux caractéristiques de cette période. Femmes et enfants affichent, selon les témoins, une tristesse visible. Certains sont pensifs, d’autres endorment leur désarroi par diverses tâches du quotidien. À ces souffrances physiques et matérielles s’ajoutent des affects bien plus profonds : l’angoisse permanente d’un lendemain tout aussi incertain, et le manque cruel de perspective quant à leur avenir.
Alors que la Saint-Sylvestre approche, l’espoir de changement semble bien mince. Mais dans cet océan de désespoir, les déplacés de Kwamouth appellent à une lumière, celle que pourrait leur offrir une paix retrouvée et un retour nécessaire dans leurs villages d’origine. En ce jour de Noël, leur unique souhait, partagé : revoir leur terre natale en sécurité et redonner à leurs enfants une enfance volée par la guerre.
Cette situation douloureuse interpelle la conscience collective et, surtout, les autorités congolaises. Alors que les festivités battent leur plein à travers le pays, ces hommes, femmes et enfants déplacés rappellent l’urgence d’une action humanitaire renforcée à Bandundu-ville et d’un engagement accru pour ramener la paix à Kwamouth. La tragédie des déplacés en RDC n’est plus une anecdote, mais une allégorie de la nécessité d’une réconciliation politique et sociale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
