Depuis l’inauguration officielle du Centre Culturel et Artistique des Pays de l’Afrique Centrale (CCAPAC) le samedi 14 décembre dernier à Kinshasa, une question essentielle taraude les esprits des artistes et culturels de la région : quel profil pourrait incarner l’excellence pour diriger ce ‘temple d’inspiration et de créativité’ ? Si ce centre ambitionne de promouvoir et célébrer les richesses artistiques de l’Afrique centrale, la désignation de son leadership demeure une étape clé et hautement scrutée par les professionnels du secteur.
Le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, accompagné de la Première Ministre Judith Suminwa et de la Ministre de la Culture, Yolande Elebe Ma Ndembo, étaient présents lors de l’inauguration. Cette structure, créée comme service public, dispose d’un comité de pilotage composé de 11 ministres aux portefeuilles directement liés à la culture, aux arts, au patrimoine, à l’éducation et à la diplomatie. Une initiative inédite pour les services publics de la République Démocratique du Congo et une preuve de l’importance accordée au secteur culturel. Toutefois, la question de la nomination du directeur général soulève d’importants débats quant à la méthode et au profil recherché.
Selon plusieurs observateurs et professionnels du domaine, un appel à candidatures transparent, suivi d’un concours rigoureux, serait essentiel pour confier les rênes du CCAPAC à une personne qualifiée et neutre politiquement. Ces voix insistent sur l’importance de privilégier le mérite et les compétences à travers une série d’épreuves sélectionnant des profils dotés d’une vision claire et d’un projet culturel ambitieux. La désignation par décret présidentiel serait, selon eux, une garantie de crédibilité contre toute tentative de favoritisme ou d’accointance politique.
En écho à cette préoccupation, les artistes mettent en garde contre la nomination d’un individu ayant des liens de proximité ou régi par des critères régionalistes. Ils soulignent que ce centre représente un projet sous-régional d’envergure, nécessitant une direction exemplaire et véritablement inclusive. Un consensus émerge également : le profil doit être celui d’un gestionnaire ou manager expérimenté, physiquement et moralement jeune, avec un casier judiciaire vierge, capable de porter haut les ambitions du CCAPAC. L’époque où ceux ayant échoué dans la gestion des droits d’auteur et des droits voisins prenaient de telles responsabilités semble révolue, à en croire certains artistes.
Face à ce contexte, des associations culturelles plaident pour une réflexion approfondie sur les projets et le modèle économique à développer pour faire du CCAPAC un pôle d’excellence. La vision prospective des futurs cadres devrait inclure la capacité à tisser des partenariats stratégiques avec d’autres centres artistiques et culturels, aussi bien sur le continent qu’à l’international.
Somme toute, beaucoup estiment que la Premier Ministre Judith Suminwa n’a pas droit à l’erreur. Le défi est de taille, mais l’occasion, historique. Alors que le CCAPAC incarne un espoir pour l’éveil culturel de l’Afrique centrale, une gestion éclairée pourrait en faire une véritable vitrine du génie artistique de la région. Le regard reste braqué sur les prochaines décisions à ce sujet, qui pourraient redéfinir les standards de la gouvernance culturelle en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: mediacongo.net