La République Démocratique du Congo fait face à des défis économiques majeurs liés à la gestion de ses entreprises publiques et celles du portefeuille de l’État. Selon le document 8 de la loi des finances 2025, actuellement en examen au parlement, la situation financière de ces entreprises illustre un tableau contrasté, allant de relative santé financière à des états de grande difficulté ou même de faillite non déclarée. Un tel constat soulève des questions sur l’avenir économique du pays et la capacité des dirigeants à transformer ces entités en moteurs de développement.
Parmi les entreprises dites « relativement saines », nous retrouvons COBIL, SOCOF, SOFIDE et SONAL, qui maintiennent un certain équilibre financier. En revanche, des géants tels que CONGO AIRWAYS, Gécamines, REGIDESO, SNEL, RVA et SONAS présentent des faiblesses structurelles significatives, avec des fonds de roulement négatifs et une liquidité insuffisante. Encore plus alarmant, des entreprises comme la MIBA, CADECO et SOKIMO sont dans un état critique de quasi-faillite, ne respectant pas les exigences minimales imposées par l’OHADA.
À travers le prisme de l’histoire, Seraphin Bukasa FIPA et Dadou Moano, experts économiques interrogés, retracent les origines de ce marasme. Ils rappellent l’héritage colonial et post-colonial marqués par des politiques économiques controversées. La « Zaïrianisation » sous Mobutu, bien que motivée par un idéal nationaliste, a conduit à des expropriations mal maîtrisées, semant les graines d’une récession longue de plusieurs décennies. Pendant les années Kabila, la libéralisation du secteur minier a offert des solutions temporaires mais sans transformer radicalement le paysage des entreprises d’État.
Ces experts proposent une alternative ambitieuse mais prometteuse pour redresser les entreprises publiques : la « fleuronisation ». Ce concept vise à transformer les entreprises publiques congolaises en fleurons nationaux, compétitifs sur la scène internationale. Une telle stratégie inclut la modernisation de l’outil de production, la mise en place d’une gestion innovante et efficace, et l’adoption de technologies modernes. L’objectif ultime serait non seulement de renforcer la souveraineté économique de la RDC, mais aussi de dynamiser la croissance économique par la création d’emplois, une augmentation des revenus fiscaux et l’entrée de nouveaux investissements.
Cependant, une transformation de cette envergure n’est pas sans défis. La mise en œuvre de la fleuronisation nécessite une gouvernance rigoureuse, l’identification des secteurs porteurs et des partenariats stratégiques. Pour réussir, l’État devra également instaurer un environnement favorable aux affaires, développer les infrastructures et promouvoir l’innovation. La tâche est titanesque, mais essentielle pour inverser des décennies de déclin et transformer ces entreprises en piliers de développement national.
La RDC se trouve donc à la croisée des chemins : restera-t-elle prisonnière d’un passé économique instable ou embrassera-t-elle une ère de transformation économique grâce à la fleuronisation ? L’avenir économique du pays repose sur la réponse à cette question cruciale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd