Le mardi 26 novembre, le Centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa a été le théâtre d’un débat essentiel organisé par le Laboratoire de recherche en sciences de l’information et de la communication (LARSCICOM). Sous la houlette du professeur Pierre N’sana, cet échange vise à mettre en lumière une problématique encore trop souvent éludée : l’intégration des femmes diplômées dans le paysage socio-économique de la RDC.
Dans un pays où des avancées significatives se constatent dans la scolarisation des femmes, un fossé persistant reste frappant entre l’obtention d’un diplôme et l’accès à une carrière stable. Une étude marquante de l’International Journal of Social Science and Scientific Studies (2021) révèle que si 36,4% des diplômés universitaires annuels sont des femmes, seules 9,1% d’entre elles réussissent à décrocher une insertion professionnelle durable. Cette déconnexion a des conséquences criantes, débattues avec passion lors de cet événement.
Animés par des figures éclairées telles que la rectrice de l’Université Pédagogique Nationale Yvonne Ibebeke, le professeur et expert-recruteur David Pata, et Mme Éliane Munkeni de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), les échanges ont permis de dresser des constats clairs. Pour la professeure Ibebeke, des traditions sociétales rigides continuent de peser lourdement sur les aspirations professionnelles des femmes. Les injonctions autour des rôles domestiques et conjugaux brident leur épanouissement professionnel, menant parfois à l’abandon de leurs ambitions.
Le professeur Pata, lui, met l’accent sur l’écart existant entre les formations suivies par les femmes et les besoins du marché. « Les secteurs en expansion tels que les télécommunications ou l’énergie verte demeurent sous-représentés en termes de main-d’œuvre féminine qualifiée », a-t-il alerté, pointant l’orientation académique souvent stéréotypée des femmes vers des filières littéraires. Quant à Éliane Munkeni, elle invite à un sursaut de confiance et plaide pour que les femmes revendiquent leur place dans des secteurs historiquement dominés par les hommes. « Les lois peuvent exister, mais sans la prise en main individuelle, le changement restera illusoire, » clame-t-elle avec conviction.
Le débat n’a pas manqué d’esquisser des pistes prometteuses : mise en place de politiques de recrutement inclusives, sensibilisation dès la cellule familiale pour démystifier les différences de genre, et reconnaissance des compétences féminines dans toutes leurs diversités. Ces discussions résonnent d’autant plus fortement qu’elles interviennent dans le cadre des « 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre », une campagne mondiale essentielle pour promouvoir la justice et l’égalité.
En définitive, le panel a dévoilé une mosaïque de défis à relever, mais aussi de perspectives à embrasser, dans une République démocratique du Congo en quête d’un avenir où les talents féminins seront pleinement valorisés. Le débat, diffusé en direct et toujours accessible sur les plateformes numériques d’Actualité.cd, montre que des discussions comme celles-ci pourraient bien changer la donne.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd