Les gouverneurs des provinces de la République démocratique du Congo (RDC) se sont retrouvés à Kalémie lors de la conférence nationale des exécutifs provinciaux pour exprimer leurs revendications et proposer des solutions concrètes face aux défis complexes qui affectent leurs territoires. Cette rencontre a mis en lumière des problématiques multisectorielles, notamment politiques, financières, économiques et sécuritaires, appelant à un renforcement de la gouvernance dans un pays où les provinces jouent un rôle central pour le développement national.
Sur le volet politique, les chefs des exécutifs provinciaux ont dénoncé fermement les motions de censure qu’ils jugent abusives et utilisées à des fins de déstabilisation. Cette pratique, devenue récurrente, menace, selon eux, la stabilité de leurs fonctions. Ils ont exhorté l’autorité centrale à prolonger les mesures visant à interdire ce qu’ils qualifient de « motions fantaisistes ». En outre, ils ont plaidé pour un moratoire prolongé et une meilleure protection des gouverneurs contre les chantages politiques, tout en soulignant l’importance de bâtir des infrastructures publiques dédiées dans chaque province issue du démembrement administratif.
Les revendications financières n’étaient pas en reste. Les gouverneurs ont exprimé leurs frustrations face à des retards chroniques dans le paiement des émoluments et des frais d’installation, une situation inchangée depuis plusieurs mandats. Ils exigent la régularité dans les transferts des fonds de fonctionnement et d’investissement et réclament la pleine opérationnalisation de la Caisse nationale de péréquation pour lisser les disparités économiques interprovinciales. Ces doléances soulignent les difficultés des provinces à fonctionner dans un système parfois politisé au cœur même des allocations budgétaires.
L’économie locale, autre point de focalisation, a vu les gouverneurs proposer des solutions innovantes, comme l’exonération de la TVA pour certains contrats provinciaux et des régimes douaniers dérogatoires. Ils insistent également sur une meilleure concertation avec l’État central concernant l’attribution des concessions minières, pétrolières et forestières, rappelant combien leur connaissance des réalités locales est cruciale pour maximiser les retombées économiques en faveur des populations.
Au plan sécuritaire, les participants à la conférence ont présenté un besoin urgent de renforcer les forces de l’ordre. Leurs attentes incluent l’utilisation de technologies modernes pour la Police nationale congolaise, des moyens de transport adaptés et une allocation budgétaire spécifique d’un million de dollars par province pour faire face aux défis sécuritaires tels que le banditisme et la délinquance juvénile. Ces priorités reflètent une inquiétude croissante face aux indicateurs de sécurité dans certaines zones sensibles.
Enfin, des réformes ambitieuses ont été proposées pour conduire les provinces vers une gouvernance plus efficace. Cela inclut la création de comités de pilotage pour assurer la mise en œuvre du programme de développement local des 145 territoires, ainsi que la gestion plus proactive des prélèvements en faveur de l’environnement. L’exemple des frais de reboisement, collectés par le Fonds Forestier National mais non rétrocédés aux provinces, illustre bien les frustrations quant à l’inertie institutionnelle.
Cette conférence des gouverneurs de Kalémie sonne ainsi comme un appel clair en faveur d’une gouvernance renforcée et d’un partenariat constructif entre provinces et autorité centrale, dans l’intérêt d’une RDC harmonisée et prospère.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd