Ce dimanche 24 novembre 2024, à 16 heures, le président Félix Tshisekedi sera au Centre Missionnaire Philadelphie, sis au croisement des avenues Haut Commandement et Prince de Liège à Kinshasa. Sous la direction de l’apôtre Roland Dalo, cette église joue un rôle central non seulement dans la foi, mais aussi dans la réflexion politique en République Démocratique du Congo.
Cette visite s’inscrit dans le cadre de la « Grande célébration Bunda 21 », un programme annuel marquant 21 jours de jeûne et prière. Ce moment clé pour les fidèles rassemble des milliers de croyants de tous horizons, qui prient pour l’épanouissement spirituel, la famille, les activités professionnelles et le devenir de la nation. Bien que catholique, le président Tshisekedi est un habitué de cette église évangélique, où il trouve un appui spirituel et politique. Plusieurs membres de cette communauté occupent d’ailleurs des postes clés au sein de ses cabinets, renforçant ainsi ce lien intime.
Toutefois, cette visite se déroule dans un climat tendu. L’apôtre Roland Dalo a récemment enhardi ses critiques à l’encontre des détournements de fonds publics en RDC, provoquant des remous jusque dans les rangs de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti du président. Ses dénonciations sans détour des pratiques de surfacturation, allant jusqu’à appeler à l’effondrement des biens mal acquis, suscitent admiration et indignation. Ces mots, salués par les fidèles, ont cependant provoqué l’ire de certains membres du parti au pouvoir, qui n’hésitent pas à qualifier Dalo d’opportuniste.
Face à cette ambiguïté, la participation de Félix Tshisekedi à ce culte peut être interprétée de diverses manières : s’agit-il d’un geste d’apaisement ou d’un soutien tacite à l’apôtre Dalo, en dépit des tensions internes ? En l’absence de commentaires officiels, cette décision pourrait raviver les débats autour de la relation entre le chef de l’État et cet influent leader spirituel.
Le Centre Missionnaire Philadelphie, fondé en 2008 par Roland Dalo, incarne un carrefour entre la foi, les affaires sociales et, de plus en plus, la politique. Formé à l’East Africa School of Theology, Dalo s’est imposé comme une figure de proue du milieu évangélique congolais. Sa proximité avec le président, combinée à des critiques acerbes, comme celles énoncées lors de la prestation de serment de Tshisekedi en 2019, font de cette alliance une relation complexe entre foi et pouvoir.
Pour la communauté évangélique, le défi réside dans l’équilibre à maintenir entre l’appui au chef de l’État et une posture critique responsable. L’archevêque Ejiba Yamapia, représentant des Églises de Réveil au Congo, a déjà cherché à calmer les esprits, exprimant son soutien au président au nom de la communauté. Mais la question demeure : cet acte de foi sera-t-il un ciment ou une épreuve supplémentaire pour ce lien spirituel et politique ? Les observateurs scruteront avec attention les événements de ce dimanche afin d’y trouver des réponses.
Source: Actualite.cd
