**Détournements de fonds: Brusses dans l’asphalte kinois**
Kinshasa, ce géant poussiéreux d’Afrique centrale, est-il en train de s’enliser sous son propre poids bureaucratique? Vendredi dernier, le Centre de recherche en finances publiques et développement local (CREFDL) a levé le voile sur un détournement présumé de 3 millions de dollars, initialement destinés aux ambitieux projets « Kinshasa zéro trou » et « Tshilejelu ». Des millions, aspirés par les abîmes de l’opacité administrative et la mauvaise gestion.
Dans un rapport d’enquête tranchant, Valery Madianga, coordonnateur du CREFDL, dépeint un tableau sombre : des routes de mauvaise qualité, bâties sans la moindre étude préalable, aux frais de l’argent public. Ces constructions, qualifiées d' »à usage unique », témoignent d’une absence flagrante de planification alors même que le tréfonds opérationnel se veut en résonance avec un plan directeur des transports urbains, produit par la coopération japonaise.
Il avertit : si ce plan n’est pas exécuté, Kinshasa continuera de patauger dans ses problèmes d’embouteillages chroniques, un miroir brûlant d’une inefficacité désarmante. Des routes sont rénovées sans considération du plan directeur, pavant la voie à une débâcle financière où les fonds alloués semblent s’étioler dans le néant.
Le projet « Tshilejelu », tout aussi ambitieux, s’enlise dans les sables mouvants de l’administration congolaise. Selon Madianga, la mise en œuvre chaotique se manifeste par des tronçons routiers fictifs et des coûts administratifs exorbitants. La part des fonds allant réellement vers les infrastructures se révèle dérisoire, à tel point que l’on découvre des collecteurs d’eau inadaptés aux caprices climatiques.
Les constats sont accablants : absence d’études préalables, surfacturation, et consommation des fonds dans un vortex administratif plutôt qu’en béton et bitume. Le silence du ministre des Travaux publics face aux sollicitations de la presse sur ce rapport semble peser autant que les trous béants dans les rues de Kinshasa.
Lancé avec fracas en octobre 2021, le projet « Kinshasa Zéro trou » promettait de réformer la circulation kinoise et de prêcher le civisme routier. Parallèlement, l’initiative « Tshilejelu », inaugurée quelques mois plus tôt, s’engageait à réhabiliter 39,72 kilomètres de voirie urbaine dans la capitale et 101,77 kilomètres à travers le Grand Kasaï.
Aujourd’hui, ces projets n’offrent guère que l’écho de leurs aspirations. Le prestige initial semble s’évanouir sous le poids des défis logistiques et financiers, ajoutant une énième couche d’amertume sur les espoirs des Kinois en des lendemains pavés. Une gestion astucieuse et transparente de ces projets pourrait-elle enfin dessiner les contours d’une Kinshasa rayonnante?
Source: radiookapi.net