Dans la ville de Beni, située au Nord-Kivu, les jeunes sont confrontés à une exposition précoce à la sexualité, impactée par l’évolution technologique et l’accès simplifié à l’information. Ce phénomène se heurte à la traditionnelle réticence des familles à aborder ce sujet, qui demeure un tabou puissant au sein de nombreuses maisons. En effet, la majorité des parents, guidés par le poids des coutumes et une certaine pudeur, évite d’en discuter avec leurs enfants, laissant ces derniers chercher des réponses ailleurs, souvent dans des sources peu fiables.

Maguy Panza, un parent de Beni, résume ce dilemme : « Franchement, nous avons du mal à aborder ce genre de sujets avec nos enfants. Ici, culturellement, c’est compliqué. » Cette difficulté, pourtant, n’est pas partagée par tous. Riziki Masika, une jeune femme de Beni, témoigne d’une relation plus ouverte avec sa mère, avec qui elle discute parfois de ces questions sensibles. « Ça m’aide à me protéger, à prendre soin de moi », confie-t-elle, illustrant les bénéfices d’une communication franche.

Les spécialistes en éducation, à l’instar de Liliane Musavuli de l’ONG Femme leaders pour le progrès de la jeune fille, militent en faveur d’un dialogue ouvert entre parents et enfants sur ce sujet souvent négligé. Liliane souligne l’importance de préparer les jeunes filles aux réalités de la vie avant que ne surviennent des conséquences fâcheuses. Ce dialogue est indispensable pour établir une sexualité responsable et prévenir des conséquences regrettables.

Face à l’évolution des mœurs, les parents sont encouragés à briser le silence autour de la sexualité. Les nouvelles générations, exposées aux médias sociaux et aux informations numériques dès leur plus jeune âge, cherchent des repères. Ne pas aborder ces sujets peut avoir des répercussions lourdes, mettant en difficulté les jeunes qui pourraient mal interpréter ou utiliser à mauvais escient les informations collectées sur internet.

Ainsi, à Beni comme ailleurs en République Démocratique du Congo, l’heure est peut-être venue de réévaluer ce tabou familial pour mieux accompagner les jeunes dans leur épanouissement personnel et social. La communication pourrait bien être la clé pour concilier traditions ancestrales et modernité, garantissant un développement harmonieux des futures générations.

Source: radiookapi.net