Dans l’ombre de Bunia, 11 000 voix crient en silence, abandonnées dans un campement désolé où la détresse règne en maîtresse. Trois années se sont écoulées depuis que ces déplacés ont reçu la moindre aide. Le site de l’ISP à Bunia se dresse comme un monument sombre de l’indifférence enveloppée d’abris de fortune, un spectre de bâches décolorées témoignage d’un passé figé en une misère continue.
Ils viennent de Djugu, ont tout laissé derrière eux pour échapper à la violence des milices, vivant maintenant une existence hantée par l’attente de la paix qui tarde à revenir. L’enseignant Samuel Nguna est un parmi tant d’autres, un homme dont les journées au site de l’ISP s’étendent, dénuées de but. « J’étais enseignant », dit-il, détaché par une mesure de survie qui le retient loin de sa classe, là où la vie avait encore un sens.
Et pourtant, une fracture invisible semble séparer ces âmes en errance. « Pourquoi ? Pourquoi sommes-nous oubliés, tandis que d’autres s’en vont avec une aide qui nous échappe ? », interroge Imani Sifa Georgine, dont la frustration résonne comme l’écho amer d’une politique d’assistance qui choisit ses bénéficiaires.
Sans voix des autorités pour répondre à ces questions lancinantes, les déplacés de l’ISP Bunia continuent d’attendre. Attendre un changement, attendre la paix, ou peut-être simplement attendre un miracle dans une République Démocratique du Congo où la course à la survie n’a pas de ligne d’arrivée. Où est la justice pour ces familles, esseulées dans leur propre pays, confrontées à l’oubli de ceux qui devraient les protéger ?
Le matin se lève sur le site de l’ISP avec ses promesses rompues, et la résilience des déplacés de Bunia continue de défier l’inexorable oubli du monde extérieur.
Source: radiookapi.net