Dans une déclaration qui a fait l’effet d’une bombe politique, le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a promis d’utiliser 7 milliards de dollars issus de la renégociation d’un accord minier avec la Chine pour construire des routes et d’autres infrastructures. Cependant, cet accord fait l’objet de vives critiques, arguant un manque de transparence et des conditions peu avantageuses pour le Congo.
L’annonce inattendue a eu lieu le week-end dernier, divulguant les résultats de pourparlers entre le gouvernement Tshisekedi et un consortium d’investisseurs chinois, visant à rééquilibrer le fameux accord Sicomines. Les retombées financières promises, dont le montant s’élève à 7 milliards de dollars, représentent une opportunité massive et potentiellement transformatrice pour ce pays d’Afrique centrale déshérité, au budget national de l’année en cours s’élevant à 16 milliards de dollars.
Premièrement rendu public samedi dernier, lors du discours d’inauguration pour le second mandat présidentiel de Tshisekedi, cet accord a été présenté devant des dizaines de milliers de personnes comme la solution au « problème épineux de l’ouverture de nos régions », selon ses termes.
Les négociations autour de Sicomines étaient engagées depuis l’année dernière, après que Tshisekedi, ainsi que de nombreux analystes, ont qualifié l’accord initial de 2008 d’inéquitable pour le Congo.
Selon cet accord d’origine, un groupe d’investisseurs chinois, incluant des entreprises étatiques telles que Sinohydro et China Railway Engineering Corporation, ont mis en place une entreprise commune de 6,2 milliards de dollars avec la société minière d’État congolaise pour exploiter la mine de cuivre et de cobalt de Sicomines, à Kolwezi dans le Sud-Est du pays.
En contrepartie, les investisseurs chinois s’étaient engagés à construire pour 3 milliards de dollars d’infrastructure à travers le pays, en se servant des recettes de la mine.
Cet accord novateur visant à échanger des minéraux contre des infrastructures répondait à un besoin criant de développement au Congo. Grand comme l’Europe occidentale continentale, le pays souffre d’un système routier gravement inadéquat en raison de la pauvreté endémique, de la corruption et des conflits.
Selon de nombreux observateurs, le consortium chinois n’aurait cependant pas respecté sa part du contrat, et un manque de transparence dans les dépenses a également entaché le projet, suscitant des soupçons de corruption.
Le Centre Carter, une ONG basée aux États-Unis, a découvert dans un rapport de 2017 que le consortium Sicomines n’avait pas pu justifier l’utilisation de 685 millions de dollars sur environ 1,16 milliard alloué à l’infrastructure à l’époque.
En février 2023, l’Inspecteur Général des Finances (IGF) du Congo a par ailleurs publié un rapport soulevant de nombreux problèmes relatifs à l’accord Sicomines. Il a notamment évoqué une sous-évaluation probable de la mine et exigé que le consortium porte ses investissements en infrastructure à 20 milliards de dollars pour refléter la véritable valeur de la mine.
Selon l’IGF, seulement 822 millions de dollars auraient été investis dans l’infrastructure depuis 2008, une somme qualifiée de « ridiculement faible ».
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