Dans un contexte de relance économique et de réformes structurelles, la République Démocratique du Congo lance un appel à candidatures ciblé pour le recrutement d’un expert intégrant la Cellule Économique et Finances du Conseil Présidentiel de Veille Stratégique (CPVS). Cette annonce, publiée sur la plateforme officielle du CPVS, souligne l’urgence d’une expertise pointue pour accompagner les réformes financières en cours. Mais quelle portée réelle ce recrutement aura-t-il sur la gouvernance économique nationale ?
Le profil recherché, détaillé dans l’avis consultable sur Actualite.cd, exige une maîtrise approfondie des politiques budgétaires, des mécanismes de dette publique et des stratégies de mobilisation des ressources internes. Le candidat retenu devra notamment « produire des analyses prospectives permettant d’anticiper les chocs macroéconomiques » – une mission cruciale pour un pays dont la croissance devrait osciller entre 6,2% et 8,5% en 2024 selon le FMI, malgré une inflation persistante.
Ce recrutement s’inscrit dans la lignée des récentes mesures prises par Kinshasa pour renforcer ses institutions clés. Le CPVS, créé en 2021 comme « radar stratégique » de la présidence, gagne en influence dans la reconfiguration des équilibres économiques. Selon un analyste financier contacté par notre rédaction, « intégrer ce cercle, c’est participer à la réécriture des règles du jeu monétaire dans un pays où les enjeux miniers croisent une dollarisation rampante de l’économie ».
Les défis sont à la mesure des attentes : stabilisation du franc congolais, optimisation des recettes fiscales minières (estimées à 1,4 milliard USD en 2023), et réduction du déficit public projeté à 3,8% du PIB cette année. L’expert devra notamment plancher sur l’articulation entre le budget national et les programmes sociaux prioritaires dans un pays où 73% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Certains observateurs y voient un signal fort envoyé aux partenaires techniques et financiers. « Cette ouverture traduit une volonté de professionnalisation face aux conditionnalités des bailleurs internationaux », analyse un économiste basé à Lubumbashi. Rappelons que la RDC négocie actuellement un nouveau programme triennal avec le FMI, tandis que la Banque Mondiale a débloqué 700 millions USD en appui budgétaire en mars dernier.
Les modalités de candidature, accessibles via le portail cpvsrdc.cd/Offres/OffresEmploi, privilégient les profils nationaux avec une expérience avérée dans les institutions financières multilatérales. Un choix qui interroge : la diaspora congolaise, pourtant bien représentée dans les organisations comme la Banque Africaine de Développement, sera-t-elle associée à ce processus crucial ?
Si les impacts concrets de ce recrutement restent à évaluer, une chose est sûre : ce poste-clé pourrait influer sur la trajectoire économique d’un pays à la croisée des chemins. Entre pression démographique (3,5% de croissance annuelle de la population) et boom minier (le cobalt représentant 70% des exportations), la marge de manœuvre du futur expert s’annonce aussi étroite que stratégique. Gageons que les candidats sauront transformer ce défi en levier pour les 100 millions de Congolais en attente de dividendes économiques tangibles.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd