En République Démocratique du Congo, où la lutte contre le paludisme reste un défi sanitaire majeur, une initiative citoyenne vient de marquer les esprits. Ce samedi 25 avril, l’Université de Kinshasa (UNIKIN) a vibré au rythme de la deuxième édition du Giga Salongo. Des centaines d’étudiants et de membres du personnel, armés de balais, de pelles et de brouettes, ont investi le campus pour un grand nettoyage collectif. Une action symbolique, mais cruciale, alors que le pays célébrait la Journée mondiale de lutte contre le paludisme.
Mais pourquoi un tel engouement autour de poubelles et de caniveaux ? La réponse se niche dans les statistiques alarmantes. Selon l’OMS, la RDC compte parmi les pays les plus touchés par le paludisme, avec près de 27 millions de cas recensés en 2022. L’anophèle femelle, vecteur de la maladie, trouve dans les eaux stagnantes et les déchets mal gérés un terrain de prolifération idéal. « Chaque tas d’ordures enlevé, c’est une niche potentielle de moustiques éliminée », explique un étudiant en médecine, les manches retroussées.
Le comité de gestion de l’UNIKIN ne s’y est pas trompé. En associant salubrité et prévention sanitaire, cette opération dépasse le simple cadre du nettoyage. Le professeur Jean-Marie Kayembe, recteur de l’université, insiste sur la dimension pédagogique : « Nous voulons inculquer à notre communauté universitaire une culture environnementale. Un campus propre n’est pas seulement esthétique – c’est un bouclier contre les épidémies. » Une déclaration qui résonne particulièrement dans une ville comme Kinshasa, où la gestion des déchets urbains reste problématique.
Reste une question centrale : comment pérenniser cet élan citoyen ? Le recteur promet des mesures structurelles : installation de poubelles supplémentaires, partenariats avec des entreprises de recyclage et sensibilisation mensuelle. Des annonces saluées par les participants, mais accueillies avec prudence. « L’an passé, nous avions déjà nettoyé, mais les ordures sont revenues en deux semaines », regrette une enseignante, tout en triant des bouteilles plastiques.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large de mobilisation pour la santé publique en RDC. Alors que le gouvernement congolais intensifie ses campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées, des actions locales comme le Giga Salongo complètent utilement cette stratégie. Un modèle à dupliquer ? Plusieurs universités de Lubumbashi et Goma auraient déjà pris contact avec l’UNIKIN pour s’en inspirer.
Mais le chemin reste long. Entre le manque chronique de moyens et les habitudes difficiles à changer, la bataille pour l’assainissement urbain en République Démocratique du Congo ressemble à un marathon. Pour autant, le succès de cette deuxième édition prouve qu’une prise de conscience est en marche. Et si la solution au paludisme commençait aussi par un geste simple : celui de jeter ses déchets… à la poubelle ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
