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Mbuji-Mayi : La fin du calvaire électrique ouvre une nouvelle ère énergétique au Kasaï-Oriental

La République Démocratique du Congo vient de tourner une page critique dans la saga de son déficit énergétique. Après deux mois de paralysie, la Société nationale d’électricité (SNEL) a rétabli, dans la nuit du 26 avril, l’alimentation électrique à Mbuji-Mayi, capitale du Kasaï-Oriental. Plus de 500 ménages et entreprises, plongés dans l’obscurité depuis février, renouent avec un service dont les enjeux dépassent le simple confort domestique.

Comment une simple coupure a-t-elle pu durer 60 jours dans une région stratégique pour l’économie congolaise ? La réponse se niche dans les arcanes d’un partenariat miniero-énergétique complexe. La Société Anhui Congo d’investissement minier (SACIM), détentrice de la centrale hydroélectrique de Tubi Tubidi, s’est retrouvée au cœur d’un bras de fer technique et financier avec la SNEL. Les réunions d’urgence à Kinshasa et Mbuji-Mayi ont révélé une dépendance structurelle : la SNEL puisait son énergie non pas à la source de la centrale, mais sur la ligne alimentant la laverie minière de Tshibwe. Une configuration vulnérable aux arrêts d’activité du site industriel.

« Cette surtension récurrente provenait d’une erreur de conception du réseau », explique Charles Kamanga Nsenda, ministre provincial de l’Énergie. Les négociations ont accouché de trois résolutions clés. Premièrement, un dédommagement d’un million USD de la SNEL à la SACIM, somme que le gouvernement provincial souhaite voir affectée aux salaires du personnel local. Deuxièmement, le repositionnement du point de prélèvement électrique vers la tribune principale de la centrale, évitant ainsi les perturbations minières. Enfin, le transfert à la SNEL de la centrale hydroélectrique de Movo Katshia, joyau énergétique sous-utilisé avec ses 4,25 mégawatts de capacité.

Ce dernier point ouvre une perspective transformatrice. Alimentant actuellement moins de 20% de son potentiel, Movo Katshia pourrait devenir le pilier d’un réseau autonome pour Mbuji-Mayi. Selon nos calculs, sa pleine exploitation couvrirait les besoins de base de 15 000 foyers, créant un effet de levier sur les PME locales et l’industrie diamantifère, secteur clé de l’économie régionale.

Mais ce succès technique masque des fragilités systémiques. Le Kasaï-Oriental, comme 75% du territoire congolais, reste tributaire de solutions énergétiques ponctuelles. La dépendance aux acteurs miniers privés – qui contrôlent 40% des infrastructures énergétiques nationales selon un rapport de la Banque mondiale – pose la question épineuse de la souveraineté énergétique. Le modèle actuel, où chaque grande industrie développe sa propre centrale, fragmente le réseau national au lieu de le consolider.

L’épisode de Mbuji-Mayi révèle cependant une évolution prometteuse. Le rachat stratégique de Movo Katshia par la SNEL s’inscrit dans une dynamique de réappropriation publique des moyens de production. Une orientation que le gouvernement central devrait généraliser pour atteindre son objectif de 60% de taux d’accès à l’électricité d’ici 2030. Reste à voir si les engagements financiers – comme le million USD controversé – serviront de catalyseur durable ou resteront un sparadrap sur une fracture infrastructurelle bien plus profonde.

Alors que les lumières se rallument dans les rues de Mbuji-Mayi, c’est tout le modèle énergétique congolais qui se joue dans l’ombre des centrales. Entre partenariats public-privé et souveraineté nationale, la RDC devra tricoter sa solution entre les impératifs économiques immédiats et une vision à long terme. Le prochain test ? La pérennisation de cette trêve électrique dans une région où, rappelons-le, seulement 18% de la population a accès à l’énergie hors centres urbains.

Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net

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Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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