Dans un geste porteur d’espoir, plus de 80 femmes survivantes des violences de la milice Kamuina Nsapu ont reçu ce lundi 28 avril des kits de réinsertion socioéconomique à travers une initiative de l’ONG Femme main dans la main pour le développement intégral (FMMDI). Un partenariat avec l’agence coréenne KOICA qui soulève une question essentielle : comment reconstruire des vies brisées par des années de conflit dans le centre de la République Démocratique du Congo ?
Parmi les bénéficiaires, Jeanne*, 34 ans, serre contre elle un sac rempli de casseroles et de pagnes neufs. « Ces ustensiles, c’est plus qu’un outil de travail. C’est une preuve qu’on n’est pas oubliées », confie-t-elle, les larmes aux yeux. Son témoignage résonne comme un écho aux milliers de voix étouffées par les crises à répétition dans les régions congolaises en proie à l’insécurité.
La directrice pays de FMMDI détaille le processus d’accompagnement : « Nous avons priorisé les cas les plus vulnérables après une analyse minutieuse. Pendant deux jours, ces femmes ont appris les bases de la comptabilité, la gestion des revenus et l’épargne. Savoir calculer un bénéfice, c’est leur première arme contre la précarité. » Un apprentissage concret qui répond aux besoins criants en économie locale dans des zones où 72% des survivantes de violences peinent à subvenir à leurs besoins selon des données internes de l’ONG.
Mais derrière ces kits – comprenant articles ménagers et vêtements – se cache un défi plus vaste. « La réinsertion ne se limite pas à un transfert de matériel », nuance un expert en développement rencontré sur place. « Ces femmes ont besoin d’un suivi psychosocial, de garanties de sécurité et d’accès aux marchés. Sans cela, le risque de rechute dans la précarité reste élevé. » Un avertissement qui interpelle sur la durabilité des interventions humanitaires dans les actualités régionales RDC.
L’implication de la coopération coréenne via KOICA ouvre cependant de nouvelles perspectives. « Ce projet pilote pourrait inspirer d’autres partenariats internationaux », estime un responsable local sous couvert d’anonymat. Reste à savoir si ces initiatives parviendront à infléchir les statistiques alarmantes : selon le Fonds des Nations unies pour la population, près de 60% des femmes victimes de conflits en RDC ne bénéficient d’aucun programme de réinsertion à long terme.
Alors que le pays s’enfonce dans une crise politico-économique sans précédent, ces 80 kits symbolisent autant d’espoirs que de défis. Comment éviter que ces aides ponctuelles ne deviennent un cautère sur une jambe de bois ? La réponse pourrait bien déterminer l’avenir de toute une génération de survivantes dans les provinces congolaises meurtries par les conflits.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net