Dans un contexte géopolitique tendu, la République Démocratique du Congo se retrouve une nouvelle fois au cœur d’un imbroglio diplomatique. La récente déclaration de principes signée avec le Rwanda sous médiation américaine à Washington le 25 avril dernier suscite des remous au sein de la société civile congolaise. L’ASBL Congo Action pour une Diplomatie Agissante (CADA) exige des clarifications urgentes, dénonçant un texte jugé « équivoque » sur des enjeux cruciaux pour la stabilité régionale.
Une paix sans justice ?
Le cœur du litige réside dans l’absence flagrante de mécanismes de justice transitionnelle. Comment parler de réconciliation sans évoquer les crimes de guerre documentés par l’ONU dans l’Est du pays ? Le CADA pointe cette contradiction majeure : « On ne bâtit pas l’avenir en occultant les massacres de populations civiles », assène Éric Kamba, coordonnateur de l’organisation. Une critique relayée par plusieurs analyses politiques RDC qui y voient un dangereux précédent.
Le spectre du M23 et des intérêts économiques
Autre ombre au tableau : le silence assourdissant sur le rôle de Kigali dans le soutien au M23. Les négociateurs congolais ont-ils troqué la sécurité frontalière contre des promesses d’intégration économique régionale ? La question hante les débats à Kinshasa, où certains dénoncent une « capitulation déguisée ». Le communiqué du CADA enfonce le clou : « Derrière les beaux principes se profile un partage des ressources stratégiques au profit d’investisseurs étrangers ».
Un accord à géométrie variable
Les experts en droit international rappellent que cette déclaration n’a pas force contraignante. Simple catalogue de bonnes intentions, elle évite soigneusement les sujets qui fâchent : retrait des troupes rwandaises, réparations aux victimes, ou supervision neutre du processus. « C’est un exercice d’équilibriste qui satisfait Washington mais laisse Kinshasa sur la corde raide », analyse un diplomate sous couvert d’anonymat.
Les prochains rounds de la négociation
Alors que les prochaines négociations s’annoncent cruciales, la pression monte sur le gouvernement congolais. Le CADA exhorte les autorités à « garder la tête froide » face aux enjeux de souveraineté nationale. Reste à savoir si les acteurs politiques RDC parviendront à concilier réalisme diplomatique et exigences de justice populaire. Un dilemme qui rappelle cruellement que dans la géopolitique des Grands Lacs, les principes ont souvent la vie dure…
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net