La province du Haut-Katanga, habituellement scrutée pour ses enjeux miniers, se retrouve cette fois au cœur d’une controverse politico-militaire. La coordination provinciale d’Ensemble pour la République a vivement réagi ce lundi 28 avril face à la perquisition menée par des militaires dans la ferme Futuka, propriété de Moïse Katumbi, à Kipushi. Un épisode qui interroge sur les limites entre sécurité d’État et instrumentalisation des forces armées dans un contexte politique tendu.
Selon Patrick Kyanda, coordonnateur provincial du parti, cette opération aurait été menée « avec violence et sans respect des règles en vigueur ». Des militaires auraient investi les lieux dès la veille, paralysant les activités de cette exploitation agricole. Une accusation grave dans un pays où le respect des droits de propriété, pourtant garanti par l’article 34 de la Constitution, reste un sujet épineux. « Ces provocations délibérées attisent les divisions alors que le pays a besoin d’union », a-t-il martelé, soulignant le paradoxe entre les discours officiels sur la réconciliation nationale et les réalités de terrain.
Cette affaire survient dans un climat politique déjà électrique, marqué par les préparatifs des prochaines échéances électorales en République Démocratique du Congo. Faut-il y voir une tentative d’intimidation ciblant l’opposition, dont Moïse Katumbi reste une figure centrale ? La question plane, d’autant que des ONG locales comme Justicia ASBL et l’IRDH ont également dénoncé ce déploiement militaire, y percevant un « mépris des principes de l’État de droit ».
Le gouvernement se retrouve ainsi face à un dilemme : comment justifier une telle mobilisation sécuritaire autour d’une simple ferme ? Les autorités provinciales, par leur silence, alimentent les spéculations. Certains observateurs y décèlent une stratégie plus large visant à tester les réactions de l’opposition et de la société civile. D’autres évoquent des règlements de comptes liés à l’influence grandissante de Katumbi dans cette région stratégique, porte d’entrée des échanges avec la Zambie voisine.
Reste que cet incident s’inscrit dans une série d’événements troublants. Après les tensions autour du dépouillement des dernières élections, les arrestations ciblées de militants et maintenant cette perquisition musclée, la démocratie congolaise semble naviguer en eaux troubles. Les appels au dialogue des ONG sonnent comme un rappel à l’ordre : « La réconciliation nationale ne se décrète pas, elle se construit par des actes », ont-elles insisté, soulignant le risque d’une escalade préjudiciable à la stabilité du pays.
À Kinshasa, où les actualités politiques RDC font régulièrement la une, cette affaire pourrait rebattre les cartes des alliances parlementaires. L’opposition, unie dans sa dénonciation de ces méthodes, y trouve matière à renforcer sa crédibilité. Mais jusqu’où iront les protestations ? La balle est désormais dans le camp du pouvoir, contraint de choisir entre l’apaisement ou la surenchère sécuritaire. Un choix lourd de conséquences à l’approche des scrutins décisifs pour l’avenir de la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net